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- Lutte ouvrière n°2207
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Grande Bretagne - Contre l'augmentation des frais de scolarité : Les étudiants en colère
Le 10 novembre, au grand étonnement des organisateurs comme de la police quasi absente, 50 000 étudiants ont envahi le centre de Londres, occupant brièvement au passage du défilé le siège du Parti Conservateur.
Cette manifestation avait été appelée par le très institutionnel NUS et par le syndicat des enseignants du supérieur UCU, dont les directions nationales sont traditionnellement contrôlées par la droite du Parti Travailliste. Pour la première fois, alors que les droits de scolarité ont été généralisés de longue date par les Travaillistes, ces organisations avaient appelé à protester contre un projet du gouvernement reprenant les conclusions d'un rapport sur le financement des universités.
Ce rapport, rédigé par un ancien PDG de BP, lord Browne, préconise le triplement du maximum légal des frais de scolarité annuels, qui passerait de 3 800 euros à plus de 10 000 euros. Selon ses termes, ces frais de scolarité seraient étendus à toutes les formes d'enseignement supérieur (ce qui n'est pas encore le cas). Le système des prêts, qui a déjà très largement remplacé celui des bourses, serait généralisé pour permettre quand même aux étudiants d'origine modeste de poursuivre leurs études. Mais, si l'on tient compte du coût de la vie dans les grandes villes universitaires et de la hausse des frais de scolarité, il impliquerait qu'un étudiant se retrouve à la tête d'une dette d'au moins 46 000 euros au terme d'un cursus de seulement trois ans. Tant que son revenu serait inférieur à 2 000 euros par mois, il n'aurait rien à rembourser (mais les intérêts sur le prêt continueraient à s'accumuler) mais, arrivé à ce niveau de revenu, il devrait commencer à le faire.
Bref, si ce système ne ferme pas la porte des universités aux étudiants de milieux modestes - mais bien d'autres facteurs sociaux le font bien plus efficacement -, il implique néanmoins une discrimination choquante en faveur des plus riches qui, eux, auront pu faire payer tous leurs frais par leurs familles.
C'est contre cela que les manifestants ont exprimé leur colère et beaucoup rappelaient à juste titre sur leurs pancartes que les ministres qui veulent leur imposer ces frais de scolarité prohibitifs avaient pu, eux, faire leurs études universitaires aux frais de l'État.
Cette manifestation a marqué les esprits en Grande-Bretagne, y compris parmi les travailleurs, qui ont vu avec un certain plaisir cette jeunesse dire ses quatre vérités à Cameron et à son gouvernement. D'autres initiatives sont prévues par les organisations locales d'étudiants dans de nombreuses villes du pays pour le 24 novembre. Cameron et son programme d'austérité auront peut-être réussi à réveiller un mouvement estudiantin qui, depuis les années 1960, avait pour ainsi dire disparu de la scène politique.