Depuis des années, l'Éducation nationale supprime des emplois par milliers, et elle prévoyait d'en supprimer 16 000 de plus en 2011. Mais la commission des Finances du Sénat vient de s'apercevoir, à son grand désespoir, qu'au lieu de diminuer, les effectifs de l'Éducation nationale devraient augmenter de près de 5 000 unités l'année prochaine.

Tout d'abord, les départs en retraite ne se font pas au rythme prévu. Ce n'est pas très étonnant : alors que jusqu'en 2003 les personnels fonctionnaires obtenaient une retraite à taux plein au bout de 37 ans et demi de service, ils sont maintenant en route vers les 42 ans de cotisation, avec décote pour chaque trimestre manquant. En particulier, l'entrée en fonction des enseignants se faisant autour de 25 ans en moyenne, il était facile de prévoir que beaucoup ne partiraient que bien après 60 ans, afin de pouvoir toucher une pension correcte.

En outre, les recrutements dans l'enseignement primaire auraient été trop nombreux, à en croire la commission sénatoriale. Pas trop nombreux par rapport aux besoins, mais par rapport à la baisse espérée des effectifs.

Ensuite, on a sous-estimé le nombre de vacataires embauchés pour boucher les trous laissés dans les écoles, les collèges et les lycées par les retraités non remplacés. Jusqu'à présent il faut bien cahin-caha fournir des enseignants aux élèves et, même avec un statut précaire, même avec des conditions de travail et de salaire inférieures, ce sont des embauches, souvent effectuées à l'échelon local et plus difficiles à comptabiliser.

C'est donc plus de 20 000 emplois qui ont ainsi été « retrouvés » dans l'éducation. Les sénateurs regrettent que ces corrections « rendent impossible une appréciation objective de l'effort du ministère en matière de réduction de ses effectifs ». Mais pourquoi s'en désoler ? Le vrai problème est le fait qu'il n'y ait eu que des embauches cachées et au rabais.

Eh bien, il faut que l'on embauche, ouvertement et à des conditions correctes, tout le personnel nécessaire pour faire fonctionner une école au service de la population, et en particulier de ses couches les plus défavorisées.