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- Lutte ouvrière n°2206
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Retraites : après les manifestations du 6 novembre
Retraite par points : Se préparer aux prochaines attaques
Les sénateurs ont adopté le projet de réforme des retraites, après y avoir introduit in extremis un amendement prévoyant l'organisation à compter du premier semestre 2013 d'une réflexion sur une « réforme systémique », chargée plus particulièrement « d'étudier la mise en place d'un régime de retraite par points. »
Voté dans la nuit du 20 au 21 octobre, c'est-à-dire entre la sixième manifestation contre la réforme des retraites, qui venait d'avoir lieu, et la septième, prévue pour huit jours plus tard, cet amendement se voulait sans doute bien plus un appel du pied en direction des dirigeants de la CFDT, partisans d'une telle réforme, qu'une vraie proposition de réforme future. Mais c'était aussi une façon de dire que cette réforme des retraites n'est qu'une étape, et de prendre date pour la prochaine.
Dans la foulée, le 28 octobre, Manuels Vals du Parti Socialiste, dans une interview à La Tribune, se fit lui aussi l'avocat de la retraite par points, qui, selon lui, « permettrait de dépasser la question de l'âge légal, de créer un seul régime et d'offrir à chacun la possibilité de construire sa retraite à la carte ». Retraite à la carte qui est d'ailleurs l'une des principales revendications du Parti Socialiste en matière de retraites.
Dans les régimes actuels de retraite, celui du régime général de la Sécurité sociale comme celui des fonctionnaires, au moment du départ en retraite le montant de la pension est calculé en fonction du nombre d'annuités de cotisation et d'un revenu de référence. Actuellement, dans le régime général par exemple, une personne née en 1950 percevra à 60 ans, si elle a cotisé la durée requise (en l'occurrence 40 ans et six mois si elle prend sa retraite en 2010), une pension à taux plein, égale à 50 % de son salaire moyen calculé sur ses 25 meilleures années.
Dans un système de retraite par points, les cotisations prélevées sur les salaires sont transformés en points. Lors du départ à la retraite, la pension est égale au nombre de points acquis, multiplié par la valeur du point en vigueur à cette date. Le système tient compte de la totalité des carrières, et non des 25 meilleurs années comme dans le régime actuel (ou des six derniers mois pour les fonctionnaires). Les deux régimes de retraite complémentaire des salariés du privé, l'Agirc et l'Arcoo, fonctionnent selon ce mécanisme.
Les partisans du système par points mettent en avant sa plus grande lisibilité, sa simplicité par rapport à la retraite par annuités. Quand on entre dans le détail, la différence ne saute pas aux yeux. Ils y voient surtout la possibilité d'un « pilotage plus souple » : en cas de déficit, il suffit donc de baisser la valeur du point, fixée chaque année. Mais l'expérience prouve que, de ce point de vue, le régime actuel de retraite par annuités ne protège pas non plus contre la baisse des pensions.
Pour le reste, il en est d'un régime de retraite par points comme de l'actuel régime de retraite par annuités. Tout dépend de ses modalités d'application. Il peut tout autant faire disparaître toute notion d'âge pivot, et permettre à chacun de partir à l'âge de son choix... avec la retraite amputée en conséquence. C'est apparemment le souhait de ceux qui s'en réclament aujourd'hui. Mais il peut aussi, comme le régime actuel de retraite, fonctionner avec un âge butoir et une durée requise, assortis d'une décote et d'une surcote, comme c'est déjà le cas pour les retraites complémentaires.
L'attaque actuelle contre les retraites n'est certainement pas la dernière. Retraite par points ou pas, peu importe la forme que prendra la prochaine réforme, et peu importe d'où elle viendra, d'un gouvernement de droite ou d'un gouvernement de gauche. Ce qui comptera, c'est le rapport de forces que les travailleurs peuvent opposer aux projets gouvernementaux et patronaux.