- Accueil
- Lutte ouvrière n°2206
- LVMH : Il est où, le gendarme ?
Leur société
LVMH : Il est où, le gendarme ?
Samedi 23 octobre LVMH, premier groupe mondial dans le domaine du luxe, annonçait qu'il détenait 17,1 % du capital d'Hermès International, une entreprise du même secteur mais de moindre taille. Les pouvoirs publics et les médias ont beau être extrêmement respectueux de Bernard Arnault, patron et principal actionnaire de LVMH, réputé être l'homme le plus riche de France et l'un des plus riches du monde, ils ont quand même montré un soupçon d'étonnement.
Une loi oblige en effet les actionnaires qui « montent au capital » d'une entreprise à se déclarer publiquement, lorsqu'ils franchissent les seuils de 5, 10 et 15 % des actions, et donc des droits de vote qui y sont associés. Les services de Bernard Arnault ont manifestement trouvé un moyen de contourner cette loi, censée limiter les possibilités de coups fourrés entre capitalistes.
Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des marchés financiers, l'organisme public chargé de veiller à la légalité des opérations boursières, a regretté le fait que « des opérateurs s'affranchissent des principes généraux de transparence, de loyauté et de sincérité de l'information » et assuré qu'une enquête va être ouverte. Il ajoute qu'une nouvelle loi, dite de « régulation financière et boursière », va rendre plus difficile ce genre d'opérations. Cette loi, discutée depuis 2009, a été publiée au Journal officiel le jour même où LVMH rendait publique son opération.
Pour la ministre de l'Économie, avec cette nouvelle loi « la France tourne le dos à la finance dérégulée ». Si elle lui tourne le dos, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est fort lentement, en laissant à tout un chacun le temps de conclure les affaires engagées. Et on peut parier que la nouvelle loi ne sera guère plus contraignante pour les capitalistes que l'ancienne.