Lyon : Manifestations lycéennes et déploiement policier28/10/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une-2204.gif.445x577_q85_box-0%2C12%2C167%2C228_crop_detail.png

Le mouvement au jour le jour

Lyon : Manifestations lycéennes et déploiement policier

Les médias ont beaucoup montré les images des incidents qui ont émaillé les manifestations lycéennes à Lyon. On a entendu Hortefeux et Sarkozy s'exprimer sur les « casseurs » qui ne resteront pas impunis.

Le déploiement de plus de 800 CRS et gendarmes mobiles, avec parfois l'aide de l'hélicoptère qui a tourné tous les jours essentiellement dans le quartier de la Presqu'île, a permis l'arrestation, sur plusieurs jours, de plus de 300 jeunes. Mais, contrairement aux déclarations du préfet, la majorité ne sont pas « des voyous et des délinquants défavorablement connus de la police » car, si ce type d'individus étaient présents, ils ont su lui échapper. D'après des sources judiciaires, la plupart des jeunes arrêtés sont mineurs et parfois même très jeunes, et plus des deux tiers sont inconnus des services de police. La quasi-totalité sont scolarisés. Sur plus de 300 arrestations, cinq seulement auraient été condamnés à de la prison ferme.

Les jeunes arrêtés ne sont pas des cas isolés, puisqu'ils étaient des centaines à affronter les forces de l'ordre, ou à être là à observer et s'enfuir devant elles. Souvent issus de lycées professionnels ou de collèges, ils sont accusés le plus souvent d'avoir lancé des pierres contre la police, ou parfois de s'être servis dans des magasins dont la vitrine avait été cassée par d'autres. Souvent mal à l'aise à l'école, en particulier dans des filières qu'ils n'ont pas choisies, et destinés à un travail qu'ils n'ont pas envie de faire, vivant dans des quartiers où il y a plus de 20 % de chômeurs, en particulier chez les jeunes, ils expriment leur rejet de la société en s'en prenant à ces symboles que sont la police et le quartier Bellecour, où sont concentrés les magasins de luxe.

Ces jeunes n'ont peut-être pas choisi la meilleure façon d'exprimer leur révolte, mais la seule réponse que leur a donnée le gouvernement a été le déploiement policier. Car on peut prévoir que demain, pas plus qu'aujourd'hui, rien ne sera fait pour diminuer l'échec scolaire, le chômage et la pauvreté.

D'autre part, la police ne s'est pas contentée d'arrêter les « casseurs ». Jeudi 21octobre, elle a encerclé sur la place Bellecour plusieurs centaines de manifestants, étudiants et lycéens, les empêchant de rejoindre la manifestation qui partait de la place voisine, avec des jeunes et des syndicalistes. La police a refusé toute discussion, y compris avec les syndicalistes. Les jeunes encerclés sont restés six heures, pratiquement sans incidents de leur part, mais ils ont reçu en abondance des grenades lacrymogènes et même la lance à eau, en particulier quand ils essayaient de parlementer pour sortir. Quand ils ont enfin pu sortir, ce fut un à un, non sans avoir été fouillés au corps, contrôlés... et emmenés au poste de police pour ceux qui n'avaient pas leurs papiers.

Certains policiers laissaient entendre qu'on voulait ainsi leur enlever toute envie de manifester. Mais pour ces jeunes venus manifester pacifiquement, le sentiment, après un tel traitement, était surtout la colère et l'envie de l'exprimer.

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