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Leur société
Dette publique : L'État nous fait payer le sauvetage de la finance
« Malgré un besoin de financement de l'État en baisse, la dynamique de la dette et de ses intérêts reste un facteur de risque », constate le député UMP Carrez, rapporteur du budget de l'État pour 2011. Autrement dit, malgré les suppressions d'emplois et la dégradation des services publics qu'elle entraîne, la dette publique est en nette augmentation car l'État doit payer aux banques des sommes exorbitantes et il risque la banqueroute.
Le gouvernement veut faire croire qu'en France le sauvetage des capitalistes en 2009 opéré après la crise de 2008 s'est fait à bon compte pour l'État, et que celui-ci serait même gagnant car ils remboursent avec intérêt l'argent qui leur a été prêté. Mais ce n'est qu'un mensonge grossier. L'État a racheté aux banques une partie des titres financiers pourris qu'elles détenaient. Cela a gonflé la dette publique, tandis que les reconnaissances de dette de l'État détenues par les banques leur ont ouvert un nouveau champ de spéculation, cette fois sur la capacité de l'État à rembourser ou non.
La vision d'un État qui tire des revenus de la crise financière n'a donc qu'un très lointain rapport avec la réalité, même si le journal Les Échos peut écrire que : « En cumulé, l'État va retirer près de quatre milliards d'euros de revenus de ses interventions pendant la crise financière : soutien aux banques, prêts à l'automobile et à la Grèce ». En fait ce journal financier admet aussi que « cela reste marginal par rapport à la charge des intérêts de la dette publique », autrement dit par rapport aux intérêts versés par l'État aux banques.
Selon les calculs de l'Insee, pour les trois premiers mois de 2009, la dette publique a augmenté de 86,5 milliards d'euros, soit près d'un milliard d'euros par jour ! Et ce n'est pas que du passé. En 2010 et 2011, la dette progressera « dans des proportions inédites » pour atteindre 86,2 % du produit intérieur brut, prévoit le rapport Carrez, si bien qu'en 2012 « la charge de la dette publique serait supérieure de plus d'une vingtaine de milliards d'euros à celle versée en 2008 et avoisinerait 80 milliards d'euros ».
Déjà aujourd'hui l'État paye au moins autant en service de la dette aux banques que pour l'Éducation nationale, dont le budget est chiffré cette année à 60,8 milliards d'euros. Mais alors que les versements de l'État aux banques sont considérés comme indispensables par le gouvernement, les dépenses d'éducation sont soumises à des coupes claires par le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux.
Consacrer l'argent public à ce qui est nécessaire à la société cela passerait aussi par l'expropriation des banques et leur placement sous le contrôle direct de la population.