- Accueil
- Lutte ouvrière n°2201
- Seule la lutte les fera reculer
Editorial
Seule la lutte les fera reculer
Il n'y a que pour la police et les ministres que les manifestations de samedi dernier ont représenté un recul par rapport aux précédentes. Mais les ministres mentent comme des cochons ! Les manifestations ont mobilisé au moins autant de manifestants que les précédentes. Elles ont permis d'associer les familles et ceux qui ne sont pas encore prêts à se mettre en grève. Elles préparent l'étape suivante, le mardi 12 octobre.
Les manifestations continuent à bénéficier d'une très large sympathie. Le gouvernement n'a pas réussi à dresser la population contre les travailleurs en lutte. Et ce n'est pas pour rien.
Il devient de plus en plus visible que l'attaque contre les retraites en prépare d'autres. Après avoir fait sa mijaurée, jusqu'à éviter les mots « rigueur » et « austérité », le gouvernement commence à annoncer la couleur. Le prochain budget sera un budget d'austérité, qui se traduira par des coupes claires dans les dépenses des services publics utiles à la population, hôpitaux, écoles des quartiers populaires, transports publics. Il se traduira par des destructions d'emplois, le gouvernement étant particulièrement fier de ne remplacer qu'un agent de l'État sur deux partant à la retraite. De grands « mandarins » d'hôpitaux publics eux-mêmes dénoncent l'état lamentable de leurs services, faute de moyens et de personnel. Des hôpitaux et des maternités de proximité sont fermés les uns après les autres.
Toute cette dégradation des services publics est déjà une atteinte aux conditions d'existence de tous ceux, la majorité, qui n'ont pas les moyens de fréquenter les cliniques privées ni d'envoyer leurs enfants dans des écoles payantes.
La propagande du gouvernement sur le déficit de l'assurance maladie annonce une augmentation des cotisations ou une diminution des remboursements. Probablement les deux à la fois. Un nombre croissant de femmes et d'hommes ne peuvent plus se soigner convenablement.
Et la politique menée par l'État s'ajoute à l'aggravation de l'exploitation dans les entreprises. Les patrons continuent à réduire leurs effectifs pour faire faire plus de travail par moins de travailleurs, pour rendre les horaires plus flexibles, pour bloquer les salaires.
Alors, il faut les arrêter. Sans un sursaut puissant du monde du travail, ceux qui nous gouvernent continueront.
Pour sauver l'économie capitaliste, c'est-à-dire les revenus du capital, l'État s'est endetté jusqu'au cou. L'État emprunte chaque jour la somme faramineuse d'un milliard d'euros pour faire face à ses dépenses et pour rembourser cet emprunt qui permet aux banquiers d'encaisser des sommes colossales en intérêts. C'est pour aider les banquiers et les patrons des grandes entreprises que l'État s'est endetté. Cela devrait être à eux d'en financer le remboursement. Mais ce n'est pas le cas. Le système fiscal fait qu'une madame Bettencourt est imposée à un taux comparable à celui d'un cadre moyen ; que les entreprises du CAC 40 paient 8 % d'impôts sur les sociétés alors que les PME en paient 30 % ; que le bouclier fiscal protège toujours les plus riches ; que le gros des recettes du budget vient des impôts sur la consommation des classes populaires. C'est par ce refus de faire payer les riches que les pensions de retraite sont réduites, que les caisses de la Sécurité sociale sont vidées par les exonérations pour les patrons, et les services publics démolis.
Il serait vain d'espérer que les prochaines élections présidentielle et législatives changeront fondamentalement la politique menée. Quels que soient les futurs occupants de l'Élysée et de Matignon, l'économie continuera à être dirigée par les mêmes grands patrons, les mêmes banquiers, les mêmes gros actionnaires qu'aujourd'hui. Ils imposeront la même politique, celle qui correspond à leurs intérêts, quitte à démolir les conditions d'existence de la grande majorité de la population.
Dans le seul domaine des retraites, il est significatif que, même si le Parti Socialiste promet d'annuler le report de l'âge de départ à la retraite, il ne promet pas de revenir sur l'allongement de la durée de cotisation. Et les salariés qui n'ont pas leurs annuités partiront avec une pension réduite.
Alors, quel que soit le gouvernement, nous ne ferons pas l'économie de la lutte car le grand patronat, qui exerce le véritable pouvoir dans ce pays, ne craint ni les ministres, ni les députés, ni les sénateurs. Mais il craint l'explosion ouvrière. Plus tôt le grand patronat, les riches et leurs serviteurs à la tête de l'État sentiront que la colère gronde en bas et que l'explosion menace, mieux cela vaudra.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 4 octobre