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Dans le monde
Brésil : Le «miracle Lula»
La presse française, de droite comme de gauche, ne tarit pas d'éloges sur le président brésilien Lula, qui est en train de terminer son second et dernier mandat. Cet homme miraculeux a en effet réussi à être plus populaire aujourd'hui qu'à son entrée en fonction. Il atteint dans les sondages les 80 % d'opinions favorables et seuls 4 % des Brésiliens lui seraient résolument hostiles.
Et pourtant sa politique a été une longue suite de mesures favorables aux plus riches. Ses huit ans au pouvoir ont vu se succéder les affaires de corruption touchant ses proches, ses ministres, son parti et ses alliés. À chaque fois, il a assuré qu'il n'était au courant de rien, et on l'a cru. Sa stature d'ancien dirigeant des luttes syndicales contre la dictature, sa gouaille de fils du peuple et des mesures bien ciblées d'assistance aux catégories les plus misérables de la population l'ont rendu intouchable, au point que même ses ennemis politiques de droite semblent se placer dans la continuité de son action.
Lula n'a pas mis fin à la pauvreté au Brésil, comme le prétendent des commentateurs approximatifs, tout au plus a-t-il assuré une « bourse famille » qui, pour une famille classée très pauvre, c'est-à-dire ayant moins de 23 euros de revenu mensuel, peut aller jusqu'à 70 euros, à condition qu'elle envoie ses enfants à l'école. Le salaire minimum est de 180 euros, et un travailleur qualifié d'une banque ou d'une grande entreprise peut gagner dix ou quinze fois plus. Mais dans les zones les plus misérables du pays, dans le Nordeste en particulier, cette « bourse » fait la différence entre survivre et mourir.
Bien des Brésiliens ne survivent que par ce « miracle », c'est sûr. Mais saint Lula est bien incapable de leur assurer une vie digne, à la hauteur de ce que devrait permettre la société moderne.