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Leur société
Un « trou » qui remplit leurs poches
Depuis cet été, l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), autrement dit la « banque » de la Sécurité sociale, a entrepris de placer des « billets de trésorerie » sur la place financière de Londres. Ces emprunts à court terme, conclus pour un montant global de 20 milliards d'euros, font partie d'un programme appelé Euro-Commercial Paper dont la presse économique signale qu'il est très bien accueilli par les financiers.
Et pour cause ! L'emprunteur bénéficie, de fait, de la garantie de l'État français. Du coup, son emprunt a obtenu la note maximale des organismes de cotation de risque chargés de rassurer les spéculateurs. De plus, son rendement n'est pas mince : 0,5 % pour des crédits qui courent sur cent jours seulement.
Et ce n'est pas tout. En juin déjà, l'Acoss avait lancé une opération analogue, cette fois en France, pour un montant de 25 milliards d'euros. L'organisation et le placement de cet emprunt ont été confiés à six banques (HSBC, la Société générale, BNP Paribas, la Bred, le Crédit agricole, Natixis), qui prélèvent bien sûr leur dîme au passage.
Depuis sa création en 1967, et jusqu'en 2007, l'Acoss avait eu recours à la Caisse des dépôts (CDC) pour ses besoins de financement, un organisme qui intervient en tant que bras financier de l'État. Mais avec la crise, et les flots de milliards que l'État a décidé de déverser sous une forme ou sous une autre dans les poches des banquiers et plus généralement du grand patronat, la CDC s'essouffle. Du coup, l'Acoss, tout en continuant à emprunter à la CDC, s'endette aussi de plus en plus auprès des « marchés ». En clair, auprès des banquiers et des spéculateurs.
Et cela, avec le feu vert - indispensable en pareille occasion - du gouvernement qui, non content de faire les poches aux assurés sociaux sous prétexte de « combler le trou de la Sécurité sociale », autorise celle-ci à offrir une bonne affaire à des banquiers, financiers et autres spéculateurs.
Pourtant, si déficit de la Sécurité sociale il y a, c'est bien parce que les patrons licencient, ce qui réduit les rentrées de cotisations dans ses caisses.
Forcer les patrons à embaucher, en les empêchant de recourir aux cadences infernales, aux charges de travail excessives, aux heures supplémentaires exonérées de cotisations sociales, au travail de nuit quand il n'est pas socialement nécessaire, c'est cela qui permettrait à la Sécu de retrouver la santé, au lieu d'aller se faire plumer sur les marchés financiers.