Financement de la Sécurité sociale : Selon que vous serez...30/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/10/une2200.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Financement de la Sécurité sociale : Selon que vous serez...

Comme chaque année, le gouvernement présente son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l'année suivante. Comme à chaque fois, on nous ressort la profondeur du « trou » et le plan d'économies qui lui est assorti. Une véritable attaque contre le droit à la santé

En 2010, pour l'ensemble des quatre branches (maladie, retraite, accident du travail et famille), le déficit du régime général de la Sécurité sociale devrait être de plus de 23 milliards d'euros. Pour 2011, les pronostiqueurs de la commission des comptes de la Sécurité sociale parient sur un « trou » de près de 29 milliards. Le gouvernement, après s'être servi du déficit pour tenter de justifier sa « réforme » des retraites, s'en sert désormais contre l'assurance maladie et le droit à la santé.

Des quatre branches, c'est en effet la maladie qui connaît le plus gros « trou » : 11,5 milliards d'euros en 2010 et une prévision de 14,5 milliards en 2011. Le gouvernement a donc décrété un plan d'économies de 2,5 milliards d'euros pour, selon le ministre du Budget François Baroin, « garrotter l'hémorragie ». En fait, ce sont les plus démunis qu'il tente de prendre à la gorge.

Les médicaments qui étaient remboursés à 35 %, ceux qui portent des vignettes bleues, ne le seront plus qu'à 30 %. Le remboursement de certains dispositifs médicaux comme les pansements passe de 65 % à 60 %. À l'hôpital, on sera moins bien remboursé : on payait jusqu'à présent 20 % des frais pour les actes de moins de 91 euros et un forfait de 18 euros au-delà, désormais le seuil passe à 120 euros et donc le forfait à 24 euros. Les diabétiques n'auront plus droit qu'à une seule bandelette d'autotest remboursée par jour. Les malades en affection de longue durée ne seront plus systématiquement remboursés de leurs frais de transports pour se rendre à l'hôpital ou chez le médecin. L'hypertension ne sera plus reconnue comme une affection de longue durée et donc les nouveaux malades qui en souffrent ne seront plus remboursés à 100 %.

Ce sont autant d'atteintes au droit à la santé. Pas pour ceux qui ont les moyens de payer quel que soit le prix, mais pour tous ceux qui sont obligés de tout calculer. Sans compter que, les remboursements de la Sécurité sociale diminuant, les tarifs des assurances complémentaires vont augmenter et de plus en plus nombreux seront ceux à ne plus pouvoir les payer et qui renonceront à certains soins. C'est un véritable recul.

Parallèlement, et comme à chaque fois, le gouvernement promet aussi des « baisses de prix des médicaments » et évalue le montant total de cette baisse à 500 millions d'euros. Mais aucune liste n'est établie et on peut très raisonnablement penser que, comme à l'habitude, après quelques pleurs auprès de leurs amis du gouvernement, les laboratoires parviendront à limiter la note. Et pourtant... de l'aveu même du très officiel Syndicat des entreprises pharmaceutiques, entre 1990 et 2009, leur chiffre d'affaires en médicaments vendus aux officines et aux hôpitaux, en France, est passé de 9,5 milliards à près de 27 milliards d'euros.

En vingt ans, les laboratoires de l'industrie pharmaceutique ont multiplié par trois leur chiffre d'affaires, essentiellement sur le dos de l'assurance maladie. Rien que là, il y aurait une voie à creuser pour combler le « trou ».

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