Tant que tourne la roulette...15/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2198.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tant que tourne la roulette...

Quand, au plus fort de la crise financière de l'automne 2008, les États sortaient des centaines de milliards d'euros de leurs caisses pour sauver les profits des banques, tous les gouvernements déclaraient la main sur le coeur que ce colmatage d'urgence serait suivi d'une refonte du système financier.

Deux ans après, les profits des banquiers sont restaurés et même florissants, les caisses publiques restent à la disposition des financiers, les dettes des États ont explosé et tous les gouvernements présentent la note aux travailleurs, sous forme de plans d'austérité, de coupes dans les budgets publics, d'attaques sur les retraites et la Sécurité sociale, etc. Et voilà donc le moment où les institutions financières internationales avancent des propositions destinées, sinon à éviter les crises, du moins selon elles à en tempérer les effets et, en particulier, à éviter que les États ne se ruinent une deuxième fois.

À cet effet le comité de Bâle, regroupant les 27 plus hauts dirigeants d'institutions financières publiques, s'est réuni dimanche 12 septembre après des mois de préparation. Il propose de demander aux banques d'augmenter un peu leurs réserves. Jusque-là le taux imposé était de 2 %, autrement dit il suffisait qu'un banquier possède deux millions pour qu'il puisse jouer avec cent. À partir de 2015, il lui faudrait faire la preuve qu'il a sept millions de « fonds propres » dans ses caisses pour pouvoir en jouer cent au casino des marchés financiers. Etant bien entendu que, comme à l'accoutumée, les finances publiques constitueront l'ultime garant en cas de perte.

Sur le fond, l'application de cette mesure ne changerait pas grand-chose. Les banquiers pourraient en effet continuer à spéculer et à multiplier les sommes fictives qu'ils détiennent, quitte à en faire payer les conséquences réelles par les populations. Mais, en plus, la proposition du comité de Bâle a peu de chances d'être appliquée.

D'une part, ses promoteurs en retardent l'application de plusieurs années, le temps pour les banquiers de se retourner, sans doute. D'autre part, la ministre française des Finances, Christine Lagarde, prévient que les banques françaises ne l'appliqueront que si les américaines le font. Or ces dernières n'ont jamais appliqué le précédent accord datant de 2006 et fixant le minimum de fonds propres à 2 %.

Et puis surtout, qui ira contrôler ce que possèdent ou pas les banques et ce qu'elles en font ? Ce n'est pas les États ni les institutions internationales, qui sont au contraire les garants du secret bancaire, du secret des affaires, de la propriété privée et du profit individuel, comme ils l'ont amplement démontré depuis deux ans. Alors les banquiers n'ont pas de souci à se faire et pourront continuer à jouer à leur jeu favori de la spéculation, quitte à mettre toute la société en faillite.

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