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- Lutte ouvrière n°2193
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Leur société
Retraites : Non, il n'y a pas trop de retraités par rapport aux actifs !
Parmi les faux arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier la réforme des retraites, on trouve en bonne place le « vieillissement démographique ». « Il y a aujourd'hui », précise le texte présentant le projet de réforme, « plus de retraités, et qui vivent plus longtemps : 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2006 contre 1,5 en 2020. ».
Cette projection jusqu'en 2020 est déjà discutable, car le nombre de cotisants est lié à celui des emplois, comme le montant des cotisations est lié au niveau des salaires. Et on ne voit pas pourquoi il faudrait accepter comme une fatalité l'idée d'un chômage aussi important dans dix ans et de salaires bloqués, voire en baisse. Quitte à se projeter dans l'avenir, pourquoi ne pas prendre en compte les réactions de l'ensemble du monde du travail face à ce qu'on veut lui imposer, plutôt que les anticipations du gouvernement et de tous les experts en statistiques qui s'inscrivent dans la logique capitaliste ?
L'augmentation de l'espérance de vie - qui n'est pas due à moins d'exploitation, mais à une amélioration moyenne des conditions de vie - devrait être rapprochée du fait qu'un travailleur en activité aujourd'hui produit 7,4 fois plus qu'au lendemain de la guerre. Mais gouvernement et patrons en concluent qu'elle doit se traduire par une prolongation de la période de vie passée à se faire exploiter, tout en laissant les jeunes sur le pavé. Il est pourtant évident qu'on produit aujourd'hui beaucoup plus et plus vite avec moins de main-d'ouvre. Dans les emplois de bureau, l'introduction de l'informatique a considérablement transformé, accéléré et simplifié les opérations qui étaient, il y a quelques années, réalisées manuellement : la comptabilité, les courriers, les expéditions, etc., s'effectuent plus vite. Dans les usines, le perfectionnement des machines a signifié une production accrue alors que le nombre d'ouvriers diminuait. Et les surprofits gagnés grâce à cette augmentation, les travailleurs n'en ont pas vu la couleur. Seuls les actionnaires en ont bénéficié.
Par contre, les capitalistes ont tiré parti de l'augmentation de la productivité pour augmenter l'exploitation de ceux qui ont un emploi, tandis qu'ils laissaient un nombre croissant de travailleurs au chômage. Il faudrait au contraire partager le temps de travail entre tous, permettre aux plus anciens de faire autre chose que pointer chaque jour pour enrichir un patron et aux jeunes de trouver un emploi sans difficulté, le tout avec des salaires et pensions permettant de vivre dignement.
Avec ou sans vieillissement démographique, l'augmentation de la productivité du travail permettrait, et cela depuis des années, de partir à la retraite bien avant 60 ans, sans parler des 65 ans que projette la réforme. Raison de plus pour être nombreux dans la rue le 7 septembre, rendez-vous donné par l'ensemble des confédérations syndicales pour exprimer haut et fort le refus de la réforme des retraites !