Après les émeutes de Saint-Aignan, dans le Loiret, qui ont suivi la mort d'un jeune Gitan tué par un gendarme, Sarkozy a convoqué pas moins de six ministres pour décider de mesures à prendre contre la délinquance supposée des gens du voyage, en visant plus spécialement les Roms.

Le communiqué fait par Hortefeux à l'issue de cette réunion reprend les préjugés sordides envers les Roms qu'une droite imbécile pointait déjà du doigt il y a un siècle, quand ils étaient traités de « voleurs de poules ».

Le ministre de l'Intérieur a annoncé le démantèlement d'ici six mois de la moitié des quelque six cents squats ou camps « illégaux » recensés en France. Mais à qui la faute, sinon au gouvernement, si les gens du voyage installent leurs campements là où ils le peuvent, sur des terrains vagues inoccupés ? Une loi de 1990 fait pourtant obligation aux communes de plus de 5 000 habitants d'aménager pour eux des aires d'accueil. Or, seules 42 % d'entre elles les ont réalisées. Hortefeux n'avait d'ailleurs pas attendu cet été pour procéder à l'expulsion brutale des camps concernés, détruisant parfois leurs abris et laissant alors les familles sur le trottoir. Les forces de police se sont plusieurs fois illustrées dans ce type d'actions ces derniers mois, notamment en Seine-Saint-Denis.

Hortefeux veut aussi accélérer les expulsions de Roms vers la Bulgarie et la Roumanie. Huit mille ont eu lieu l'an passé, mais beaucoup sont revenus, une fois leur prime de 300 euros épuisée. Ces pays faisant partie de l'Union européenne, ils ne pouvaient pas être expulsés aussi facilement que des ressortissants maliens ou chinois. Alors, le ministre parle maintenant de recenser les Roms en créant un fichier anthropométrique.

Ne craignant ni l'odieux ni le ridicule, Hortefeux accuse les Roms de frauder le fisc, sous prétexte qu'ils ont de grosses voitures - ce qui est quand même plus efficace qu'une Twingo lorsque l'on doit tracter une caravane ! Il ne ressent aucune honte à les menacer de contrôles fiscaux, en pleine affaire Bettencourt qui montre des très riches, certes bien français, dissimuler une partie de leur fortune en la plaçant en toute impunité dans des paradis fiscaux.

Toutes les déclarations visant à faire des Roms des boucs émissaires dégagent des relents racistes et xénophobes dont se délecte l'extrême-droite lepeniste.