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- Lutte ouvrière n°2191
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Dans les entreprises
GM Strasbourg : Un patronat qui ne recule pas devant les méthodes de gangster
Le statut juridique actuel de l'usine General Motors de Strasbourg est pour le moins particulier. Affirmant être au bord de la faillite il y a deux ans, le groupe General Motors avait décidé de liquider son usine de Strasbourg, spécialisée dans la fabrication des boîtes de vitesses. Depuis, cette usine était régie par Motors Liquidation Company (MLC), société chargée de céder les actifs vendus par General Motors. Mais General Motors Company, qui a bénéficié entre-temps d'une aide massive de l'État américain, s'est récemment déclarée prête à reprendre, pour un euro symbolique, l'usine de Strasbourg, et cela d'autant plus volontiers que depuis ce printemps la fabrication de boîtes de vitesses est repartie à la hausse.
Mais GM Company a posé ses conditions, qui se ramènent à diminuer le coût des salaires de 10 %, et en demandant que ces conditions soient obligatoirement acceptées par toutes les organisations syndicales, pour préserver la « paix sociale », c'est-à-dire le renoncement à toute action revendicative, faute de quoi elle menaçait de transférer au Mexique la production de l'usine de Strasbourg.
Devant ce chantage à l'emploi, il était évident que le référendum en faveur de la reprise de l'usine par GM Company, organisé par la CFDT, la CFTC et FO, avec bien entendu la bénédiction de la direction, ne pouvait qu'apporter une majorité de « oui », d'autant que la question des sacrifices que la direction voulait imposer n'était pas du tout abordée. Sur les 959 salariés qui ont pris part au vote (sur un effectif officiel de 1 154) il y eut cependant 30 % de travailleurs à répondre « non », position défendue par le seul syndicat CGT.
C'est parmi les ouvriers de production, parmi lesquels la CGT est largement majoritaire, que le refus d'accepter ce marché de dupes fut le plus vif. Mais ces ouvriers de production ne représentent qu'à peine plus d'un tiers des effectifs. Le mécontentement augmenta encore le lendemain, surtout parmi ceux qui avaient voté « oui », quand les salariés découvrirent que, dans le projet de la direction, figuraient des clauses concernant le travail du dimanche et l'annualisation du travail qui n'avaient jamais été rendues publiques ni même discutées au cours des multiples réunions d'avant référendum.
Conformément à ce qu'ils avaient annoncé, le vendredi matin les représentants de la CGT ne vinrent pas à la réunion où devaient être signées les propositions de la direction. À l'heure du changement d'équipes les militants cégétistes furent encerclés par deux cents cadres, agents de maîtrise, techniciens et employés, parmi lesquels quelques excités ne reculant ni devant les agressions verbales ni devant les agressions physiques, pour essayer d'arracher la signature de la CGT. Les ouvriers présents défendirent les militants de la CGT, mais ce siège dura près de trois heures. La direction, qui a fait semblant de ne pas être au courant lorsque les premiers coups de fil de la presse sont arrivés, porte pourtant l'entière responsabilité de ces violences puisque les chefs de service étaient passés dans les bureaux dire aux employés qu'il fallait aller faire pression sur la CGT, et aux ouvriers de l'équipe d'après-midi que leur journée serait payée mais qu'il n'y avait pas de production.
Neuf travailleurs et travailleuses, membres de la CGT ou partageant son point de vue, ont porté plainte pour menaces, séquestration et coups et blessures.