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Dans les entreprises
Continental - Toulouse-Foix-Boussens : La direction veut racketter les salariés
La direction de Continental Automotive France (qui regroupe les sites de Toulouse, Foix et Boussens en Midi-Pyrénées, environ 2 500 salariés au total) a annoncé depuis deux mois un plan dit « de productivité et de pérennité » (en abrégé « PP »), qui vise à faire baisser la masse salariale de 8 %, et pour lequel elle veut un accord signé par les syndicats.
L'argument est que si les sites de Midi-Pyrénées veulent continuer à exister, ils doivent se montrer compétitifs par rapport aux autres sites du groupe, et donc faire des économies sur le « coût du travail ». Moyennant quoi le groupe s'engagerait à maintenir la charge de travail et l'emploi jusqu'en... 2014. Bref, un chantage pur et simple à l'emploi.
La direction fait campagne pour imposer sa politique. Elle raconte à la presse que l'usine tournerait à 70 % de sa capacité, vu la baisse des commandes : mais ce n'est pas ce que vivent les travailleurs, qui eux ont bien plutôt l'impression d'être à 120 %, et voient que la production n'arrive pas à suivre les commandes après les licenciements d'intérimaires, de sous-traitants mais aussi d'embauchés, pratiqués ces dernières années.
Dans un premier temps, la direction a demandé à des « groupes de travail » de plancher sur des « idées » pour atteindre cet objectif. Lesdits groupes de travail, bien encadrés par des chefs de service et la DRH, ont bien sûr émis toutes les idées... de la direction. Une fois connus les résultats de leurs travaux, bien des membres de ces groupes se sont fait interpeller vertement par leurs collègues. Et pas mal de réunions de service furent houleuses, les chefs se faisant prendre à partie par les travailleurs remontés contre le plan. Tout le monde sait que Continental a racheté Siemens à prix d'or, et une réflexion revient souvent : « On ne veut pas payer la dette de Continental ».
Ce plan, désormais appelé « Plan de maintien de l'emploi », comprend à l'heure actuelle et pour l'essentiel le blocage des salaires, la diminution de diverses primes, la division par deux de l'intéressement et la suppression de deux jours de RTT.
Trois assemblées générales du personnel ont été organisées par les syndicats CGT et CFDT, majoritaires dans l'entreprise, assemblées regroupant à Toulouse entre 500 à 600 travailleurs à chaque fois, et à Foix et Boussens environ 200 et 100. Les deux syndicats y ont annoncé leur intention de s'opposer à l'accord. Les salariés y ont discuté du rackett pur et simple que représente ce plan, alors que l'entreprise a fait et continue de faire de somptueux bénéfices (38 millions d'euros en 2009 et plus de 50 annoncés pour 2010), sans parler de ceux du groupe (1,2 milliard d'euros pour les six premiers mois de 2010). L'écrasante majorité des présents était convaincue qu'il n'y a rien à lâcher.
Lors de la dernière AG du mardi 6 juillet à Toulouse, ils l'ont fait savoir à la presse en tenant une conférence de presse devant l'usine. Bien des travailleurs s'y sont exprimés contre le plan, et comme l'a dit l'un d'entre eux : « On vient ici pour gagner de l'argent, pas pour en perdre ».
La direction continue à essayer de peser sur l'opinion des salariés en faisant des réunions. Par exemple sur l'usine de Foix, elle a invité tout le personnel (420 salariés) à une garden-party avec réunion et repas payé à l'extérieur de l'usine : elle s'est retrouvée avec seulement 60 présents, la majorité refusant d'écouter le bourrage de crâne de la direction.
La direction a annoncé son intention de consulter le personnel en septembre. Mais en majorité, les salariés semblent décidés à ne pas s'en laisser conter. À suivre.