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- Lutte ouvrière n°2189
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Leur société
Le PS et les retraites : Responsables, mais devant qui ?
Martine Aubry était l'invitée de France Inter mardi 13 juillet, au lendemain de l'intervention télévisée de Sarkozy. La première secrétaire du PS a fait preuve de la plus grande modération, tant en ce qui concerne l'affaire Bettencourt-Woerth que sur ce qui touche à la politique du gouvernement.
L'opposition parlementaire n'a en effet pas besoin d'en rajouter sur les « affaires », car les faits parlent d'eux-mêmes contre Sarkozy et sa clique. Aller plus loin, dénoncer le fait que les politiciens et, au-delà, l'appareil d'État tout entier sont au service exclusif des capitalistes serait, pour le PS aussi, scier la branche sur laquelle il est assis. Car ce parti de gouvernement sert les mêmes maîtres que l'UMP, même si celui-ci se sert lui-même avec sans-gêne.
Sur la réforme des retraites, Martine Aubry a su se montrer « responsable ». Tout d'abord, elle admet qu'il y a un problème de paiement des retraites et qu'en conséquence il faudra travailler plus longtemps. Mais dire cela, quelle que soit la méthode proposée pour résorber ce soi-disant déficit, c'est déjà se placer entièrement sur le terrain du patronat. Car si les caisses de retraite se vident, c'est à cause des dégrèvements de cotisations patronales, du blocage des salaires, du chômage massif, toutes choses dont les travailleurs ne sont pas les responsables, mais bien les victimes. Ce n'est pas la crise qui vide les caisses, mais la façon dont le patronat la fait payer aux travailleurs.
Parler, comme Martine Aubry, de répartir les efforts, c'est déjà parler d'imposer des sacrifices aux travailleurs. Un autre ténor socialiste, Fabius, critique le plan Woerth parce que « 85 à 90 % sont payés par les salariés, alors qu'il faudrait un équilibre entre le travail et le capital ». Mais si 50 % étaient payés par les salariés, ce serait déjà un vol ! Les surprofits faits par le patronat permettent largement de renflouer les caisses de retraite.
Le passé des socialistes français, comme le présent de leurs collègues espagnols ou grecs, au gouvernement de leurs pays respectifs pour faire appliquer l'austérité, n'incite pas à leur faire confiance en la matière. C'est bien pourquoi les travailleurs ne peuvent pas compter sur un éventuel changement de majorité pour se protéger, mais uniquement sur leur capacité à imposer d'autres choix.