- Accueil
- Lutte ouvrière n°2188
- Fuite des grandes fortunes en Suisse : La fable et la réalité
Leur société
Fuite des grandes fortunes en Suisse : La fable et la réalité
Mercredi 1er juillet à l'Élysée, devant des députés UMP inquiets des remous créés par l'affaire Woerth-Bettencourt, Sarkozy a voulu justifier les largesses du fisc, les 30 millions d'euros de ristourne versés à la milliardaire au titre de l'année 2009. Le journal Le Figaro rapporte les propos qu'il a tenus : « Liliane Bettencourt est la femme la plus riche de France et elle est restée en France. Est-ce qu'on aurait préféré qu'elle parte en Suisse ? Si elle avait tout lâché, L'Oréal serait déjà suisse... Je ne veux pas qu'elle foute le camp en Suisse, moi! »
Ce n'est déjà pas en soi très convaincant. Car si Liliane Bettencourt est certes restée en France, une partie de sa fortune a bien été mise « à l'abri » du fisc en Suisse. Mais lorsque Sarkozy tente de nous faire croire que son gouvernement ne pourrait rien contre la fuite des grandes fortunes, il l'est encore moins. Le gouvernement sait très bien faire saisir les biens de travailleurs quand ils n'ont pas payé leurs impôts. S'il n'utilise pas les mêmes armes contre les milliardaires, c'est qu'il ne le veut pas, car il est à leur service.
Agiter la peur de voir les grandes fortunes fuir la France avec leurs usines dans leurs valises est une vieille ficelle. Les travailleurs devraient se rendre à ce qui est présenté comme une évidence : s'ils ne veulent pas perdre leur emploi, il faut qu'ils se résignent aux cadeaux fiscaux, qui seraient nécessaires, indispensables, pour éviter la fuite des capitaux.
Agir, en contrôlant les comptes ouverts ou cachés des grandes fortunes comme des entreprises, seuls les travailleurs le pourraient, mobilisés pour défendre jusqu'au bout leurs intérêts et ceux de toute la société.
Et si les patrons veulent alors partir en Suisse, qu'ils partent... mais avec des bagages plus légers.