La suppression des redoublements : Réduire l'échec ou réduire les coûts ?23/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une-2186.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

La suppression des redoublements : Réduire l'échec ou réduire les coûts ?

Parmi les diverses pistes ouvertes dans toutes les directions, dans le seul objectif d'économiser 16 000 emplois dans l'Éducation nationale, figure la suppression des redoublements d'élèves.

Dans la « réforme » des lycées mise en place pour la rentrée scolaire de septembre prochain, le ministre propose donc de s'attaquer à ces derniers. Ils ne devront être proposés qu'en « recours ultime » et « précisément justifiés » et, en quelque sorte, sont voués à disparaître. Ils sont censés être remplacés par des « stages passerelles » pour les lycéens qui voudraient changer d'orientation sans posséder toutes les compétences pour le faire ou par des « stages de remise à niveau », organisés pendant les petites vacances ou les congés d'été par des enseignants payés en heures supplémentaires, ou des vacataires recrutés expressément.

C'est là qu'on voit sans peine la motivation - tout sauf pédagogique - des services du ministre : il y a un mois, un rapport de la Cour des comptes recommandait directement la suppression du redoublement, « inefficace et coûteux ». Le ministère évalue ce coût à deux milliards par an. Deux milliards constitués de places dans des classes, de livres scolaires, d'enseignants, de petits groupes de travail... bref, tout ce qui peut être économisé en accélérant les flux d'élèves, dans un système de « flux tendu » qui, du cours préparatoire au baccalauréat, déverserait ses flots d'élèves au moindre coût.

On ne peut certes pas considérer le redoublement comme un remède pédagogique universel. Mais si les études sur lesquelles s'appuient les « experts » et la Cour des comptes - dont la compétence pédagogique peut être mise en doute - notent l'inefficacité ou même la nocivité des redoublements, elles semblent prendre l'effet pour la cause. Si les élèves qui ont redoublé leur cours préparatoire n'ont que 8 % de chances, statistiquement, d'obtenir le bac, ce n'est sans doute pas à cause de leur redoublement !

C'est donc le droit au redoublement qui doit être maintenu et laissé à l'appréciation des enseignants. Mais c'est aussi la logique comptable qui tient lieu de pédagogie rue de Grenelle qui doit être remise en cause. Sans quoi il n'y aura de toute façon plus de place, plus de table, plus de chaise même, pour un élève qui aurait besoin de redoubler dans une classe chargée à bloc et où il aura bien du mal à profiter des leçons.

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