Deux adolescents d'origine arménienne, scolarisés au collège Albert-Camus de Clermont-Ferrand, sont menacés d'expulsion, ainsi que leurs parents. Les réactions de soutien se multiplient, pour tenter de faire reculer le préfet et leur permettre de rester en France.

Il y a une vingtaine d'années, les parents ont fui l'Arménie alors en guerre contre l'Azerbaïdjan, d'où est originaire l'épouse. Ils sont allés en Russie d'où ils ont été expulsés après y avoir vécu une vingtaine d'années. Venus en France, « le pays des droits de l'homme » croyaient-ils, et installés à Clermont-Ferrand, ils ont déposé une demande d'asile ; la préfecture a refusé et fin avril, ils ont reçu l'ordre de quitter le territoire. Ne sachant pas où aller, interdits de séjour en Russie et en Arménie, ils souhaitent rester ici où leurs deux enfants se sont très bien intégrés et ont appris le français en quelques mois. Aidés par le Réseau Éducation Sans Frontières et un comité de soutien, la famille a adressé un recours au tribunal administratif pour pouvoir rester en France.

Les élèves et les enseignants du collège se sont fortement mobilisés avec réunions, pétition, manifestation en ville, appel aux médias. Presse et télévision régionales ont largement fait écho à cette affaire. Jeudi 17 juin, les enseignants de l'établissement étaient quasiment tous en grève et ont défilé sous une pluie battante pour dire non à l'expulsion, en portant une banderole au style percutant, faisant allusion au titre d'un ouvrage de Camus : « Collège Albert-Camus : Un homme révolté. Un collège aussi. »

Samedi 19 juin, trois cents manifestants rassemblés d'abord devant la préfecture, ont à nouveau défilé sous la pluie au centre ville. La colère se manifeste contre la politique de Sarkozy et du gouvernement, et contre le préfet de la région Auvergne, particulièrement zélé, ancien directeur de cabinet du ministre Hortefeux. Selon les associations de soutien aux sans-papiers, il aurait fait expulser quatorze personnes en une dizaine de jours ! La mobilisation se maintient, et une nouvelle manifestation était prévue mercredi 23 juin, devant la préfecture, pour empêcher les expulsions.