Lycée Henri-Wallon - Aubervilliers (93) : Violence scolaire et misère sociale18/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une2185.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Henri-Wallon - Aubervilliers (93) : Violence scolaire et misère sociale

Mercredi 9 juin, au collège-lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers, un élève a été poignardé. Il est aujourd'hui hors de danger. Scolarisé en terminale, il avait été exclu quelques semaines auparavant. Revenu avec la volonté de s'en prendre à un élève de seconde avec qui il avait un différend, il s'est retrouvé face à un ami de ce dernier, lui aussi extérieur au lycée. C'est alors que les coups ont été portés.

Pour régler les problèmes de violence qui se multiplient dans le milieu scolaire (pas moins de sept agressions au couteau depuis le début de l'année en Île-de-France), le ministère et le rectorat ont trouvé l'arme fatale : les EMS, les Équipes mobiles de sécurité. Ce sont des jeunes, parfois anciens vigiles ou gendarmes, qui patrouillent dans les établissements en difficulté et qui, en règle générale, arrivent toujours après le drame.

C'est ainsi que sont arrivés au lycée pas moins de trois inspecteurs d'académie adjoints, plus une dizaine d'EMS en uniforme, une poignée de psychologues et quelques EMS de la branche dite « éducative », sans compter les policiers installés devant les grilles. Il n'y avait jamais eu autant d'adultes d'un seul coup dans la cité scolaire !

Le jeudi 10 juin, le lendemain de l'agression, un groupe d'une dizaine de lycéennes ont littéralement lynché à quelque cinquante mètres de l'établissement une autre lycéenne, coupable à leurs yeux d'être l'amie de l'élève de seconde ayant introduit l'agresseur dans le lycée. Une professeure qui accompagnait l'élève a également été frappée. La présence de la police, des EMS, des psychologues, n'a pas empêché cette expédition punitive. Quant à la « cellule d'écoute » mise en place par le rectorat, elle n'a rien entendu !

Cette deuxième agression a déclenché la grève vendredi 11 juin.

Après chaque agression, la Région fait un petit effort, installant une caméra ici, renforçant un portail là. Mais elle laisse depuis près de quinze ans les locaux se dégrader lentement. Le centre de documentation est installé dans une cave, les salles de technologie également. Le portail du parking du lycée est cassé depuis dix-huit mois. Aujourd'hui, n'importe qui peut entrer dans le collège et le lycée. La cité scolaire est une véritable passoire, un « gruyère » disent les élèves.

Si le tout-sécuritaire réclamé par certains n'est évidemment pas la solution, l'abandon et le laisser-aller ne peuvent qu'accentuer les problèmes.

Partager