Comme le relève la presse locale, cela fait plus de dix ans qu'il n'y avait pas autant de monde dans la rue à Forbach, sous-préfecture du bassin houiller. Mais il y a dix ans, les derniers puits de mine tournaient encore et les mineurs, fidèles à leurs modes d'action déterminés, avaient incendié l'hôtel des impôts de la ville. Il s'agissait alors pour eux d'obtenir des améliorations de salaire et de déroulement de carrière, ce qu'ils avaient d'ailleurs obtenu !

Mais ce 20 mai 2010, les centaines de manifestants ont dû défiler pour exiger que les acquis des travailleurs de la mine ne soient pas gommés. En effet le régime minier de santé est attaqué en permanence par le gouvernement et la majorité des syndicats gestionnaires de la Caisse autonome qui oeuvrent, mesure après mesure, à intégrer le régime minier de Sécurité sociale au régime général. La gratuité des soins, déjà mise à mal par les dispositions générales de déremboursement prises par les précédents gouvernements, risque bientôt de n'être plus qu'un souvenir, comme le métier de mineur.

Pourtant, justement, ce métier de mineur a usé des générations de travailleurs, atteints de pathologies habituelles dans le monde du travail mais aussi de pathologies bien particulières aux métiers de la mine. Le Premier ministre Fillon a signé le 31 décembre 2009 un décret qui supprime les remboursements spécifiques aux mineurs concernant essentiellement les cures et les transports en VSL (véhicule sanitaire léger) et ambulance. Ce décret, les mineurs exigent son abrogation. En défendant les avancées du régime minier, la population minière défend d'ailleurs aussi l'emploi dans les bassins miniers, puisque ce régime emploie des milliers de salariés à travers ses consultations médicales gratuites, ses services administratifs et ses « oeuvres » (hôpitaux, maisons de repos...).

Les mineurs remettent en cause aussi une mesure adoptée en 2001 par le gouvernement socialiste de l'époque, une mesure qui organisait un rattrapage des retraites minières par rapport à celles du régime général, bien plus hautes, mais une mesure qui excluait la majorité des retraités de ce rattrapage !

En 2001 déjà, comme pour le régime minier ensuite, la majorité des syndicats avaient cosigné les décisions gouvernementales. Pourtant aujourd'hui, face au mécontentement de leurs syndiqués, ils sont tous obligés, en intersyndicale, de remettre en cause ces mesures qu'ils ont cautionnées ! Cependant que certains de ces responsables syndicaux, que la pression des anciens mineurs a obligés à refaire des déclarations combatives, manoeuvrent pour casser la mobilisation unitaire. La détermination montrée par les centaines de manifestants à Forbach comme les initiatives prises dans d'autres bassins miniers leur compliquent la tâche !

La lutte des mineurs contre les conséquences des politiques gouvernementales sur la vie quotidienne, l'emploi, la santé, les retraites et le pouvoir d'achat n'est pas finie. D'autres rendez-vous se préparent pour le mois de juin.