«Rigueur» budgétaire : Pour rassurer les «marchés», Fillon fait les poches des pauvres19/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une-2181.gif.445x577_q85_box-0%2C18%2C158%2C222_crop_detail.png

Leur société

«Rigueur» budgétaire : Pour rassurer les «marchés», Fillon fait les poches des pauvres

Dans la « lettre de cadrage » envoyée le 14 mai par Matignon à l'ensemble des ministres, Fillon a concrétisé sa précédente annonce, celle du « gel » des dépenses publiques. Il y exige une baisse de 10 % de ce qu'il appelle les « dépenses d'intervention » des ministères pendant les trois années qui viennent.

Il s'agirait donc de soustraire à cette catégorie de dépenses, se montant à 67 milliards d'euros, six ou sept milliards dont le blocage frapperait directement la partie la plus pauvre de la population.

Plusieurs dispositifs de soutien concernant ceux que les choix politiques et sociaux des gouvernements successifs plongent dans la misère, en particulier depuis l'approfondissement de la crise, seraient rognés, peut-être même supprimés. En première ligne seraient visés les contrats aidés, souvent attribués à des chômeurs de longue durée, et qui leur permettent, faute d'un véritable emploi, de remettre le pied à l'étrier sans que les employeurs aient beaucoup à débourser. Dans le même ordre d'idées, figurent l'APL, l'aide personnalisée au logement en cas de ressources très insuffisantes, le RSA, la dernière bouée de sauvetage avant la rue, et même l'AAH, l'allocation adulte handicapé qui maintient à peine la tête hors de l'eau à des milliers de gens abîmés par la vie ou l'usine.

Dans la même catégorie de coupes qui toucheraient exclusivement les couches populaires figurent les subventions aux transports en commun, aux agriculteurs ou à la culture. Pour économiser quelques milliards, ce sont ceux qui doivent chaque jour affronter la galère des transports, peinent à survivre en élevant quelques dizaines de bovins, ont difficilement accès au théâtre et encore moins à l'Opéra, qui seraient dépouillés du pas grand-chose qu'ils reçoivent.

Pour l'instant, les divers ministres se contentent de jouer les saintes nitouches : supprimer l'APL, diminuer le RSA, etc., moi ? Jamais ! Et de se repasser la patate chaude en attendant le feu vert de Sarkozy.

Pourtant, pour réduire le déficit budgétaire, les sources d'économies plus substantielles ne manqueraient pas : la suppression du « paquet fiscal » décidé en 2007 rapporterait 13 milliards, l'imposition de la cession de parts de filiales de grandes entreprises - actuellement défiscalisée, merci M. Copé - dix milliards. Quant à l'interdiction de l'usage des paradis fiscaux, si elle était possible, elle rapporterait chaque année entre 30 et 50 milliards d'euros d'impôts ! Et ce ne sont que quelques exemples.

Mais dans le cadre de l'effet d'affichage souhaité par le gouvernement sarkozyste, à l'usage des « donneurs d'ordres » de la finance internationale, il est bien plus efficace, même si c'est pour six ou sept milliards seulement, de s'en prendre ostensiblement au monde du travail...

Viviane LAFONT

Lutte Ouvrière appelle à participer à la journée organisée par les syndicats et à la manifestation Jeudi 27 mai à Paris à 14 heures départ place Denfert-Rochereau

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