Retraites : Ils veulent nous faire payer !13/05/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/05/une2180.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Ils veulent nous faire payer !

Chiffres à l'appui, les calculs publiés le 11 mai par le Conseil d'orientation des retraites, le COR, ont une fois de plus sonné l'alarme au sujet d'une « réforme » des retraites, dont la prétendue nécessité n'est même plus discutée par ces « experts », parmi lesquels figurent des représentants de l'État, du patronat, des parlementaires et quelques confédéraux des grandes centrales syndicales, mais bien sûr... Ni travailleurs ni retraités.

En fait de chiffres, il s'agit de simulations réalisées dans un but « purement illustratif », en faisant selon les cas varier l'âge de départ légal, l'âge du taux plein, la durée de cotisation, puis deux des variables ou les trois ensemble. Ces savantes projections, qui peuvent se lire à l'échéance 2030 ou 2050, débouchent comme par hasard sur une conclusion catastrophiste : même en reculant à 63 ans l'âge légal de départ et en allongeant la durée de cotisation à 45 annuités - soit 180 trimestres ! - seule la moitié du « besoin de financement » estimé par le COR serait couverte en 2050. Autrement dit, le déficit envisagé par ces experts, même après application d'une sévère « réforme » pendant près de deux générations, serait très inquiétant.

La seule petite éclaircie décelée par le COR dans ce sombre tableau serait « une légère hausse de la pension moyenne, dans la mesure où des assurés contraints de reporter leur départ pourraient de ce fait acquérir davantage de trimestres ». Ironie ou lapalissade ?

Quant au nombre de chômeurs, intermittents de l'emploi, travailleurs à temps partiel imposé ou contrats précaires de toute sorte qui négligent, bien malgré eux, de remplir les caisses de retraite, il n'est que vaguement pris en compte par les simulations : le taux de chômage est estimé à 4,5 % d'ici 2025 dans deux des calculs.

À scruter la situation du monde du travail dans quarante ans, la grenouille de ces inventifs météorologistes semble oublier une variable, et de taille : la détermination des travailleurs à refuser les attaques du gouvernement. Un sondage publié en même temps que les calculs du COR montre que près de deux tiers des sondés - et même 83 % chez les ouvriers -tiennent coûte que coûte à garder l'âge légal de 60 ans. Travailler plus longtemps ne remporte pas plus de suffrages.

Sarkozy a donné le change en parlant de la nécessité, selon ses termes, de « renforcer l'équité du système », en demandant « un effort financier supplémentaire des hauts revenus et des revenus du capital ». Certains dirigeants syndicaux se sont contentés de cette annonce mais, pour faire payer la finance et le grand patronat, il faudra frapper à une autre porte.

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