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- Lutte ouvrière n°2177
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Leur société
Opacité : Encore de beaux jours pour les paradis fiscaux
2009 avait été pour les paradis fiscaux - du moins en apparence - l'année de toutes les menaces. Le G 20, qui regroupe les vingt pays les plus riches, avait fixé des normes de transparence et de coopération fiscale. Une liste noire avait été établie, répertoriant les mauvais sujets désignés à l'opinion internationale comme responsables d'une spéculation débridée, et donc de la crise économique mondiale.
Mais cette liste s'était bientôt réduite pratiquement à zéro. D'autant plus facilement qu'il suffisait pour en sortir de passer un certain nombre d'accords de coopération fiscale : les paradis fiscaux en ont passé au plus vite, soit avec des pays avec lesquels ils n'ont pas de relations financières, soit même entre eux, Monaco s'était engagé à coopérer avec Andorre, le Liechtenstein et Saint-Marin, et le tour était joué.
Depuis, le Forum mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales, organisme qui dépend de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a engagé le 1er mars une opération de contrôle contre vingt pays soupçonnés de maintenir l'opacité en matière financière et boursière, parmi lesquels Monaco, Panama, les îles Caïmans, les Seychelles, la Barbade ou l'île de Jersey.
Selon un responsable du Forum mondial, « à l'horizon 2011, nous aurons une vision très claire de l'état mondial de la coopération fiscale. Nous saurons qui joue le jeu et qui ne le fait pas. Des notes seront attribuées aux pays et aux territoires et ce tableau d'évaluation permettra au G 20, s'il le souhaite, d'élaborer une liste noire des États et de territoires non coopératifs ». Les institutions bancaires des paradis fiscaux doivent frémir devant ce père fouettard brandissant un martinet sans lanières !
Car, si l'on comprend bien, d'ici deux ou trois ans pourrait paraître une nouvelle liste noire, si le G 20 tient ses promesses. De qui se moque-t-on ? Ce sont les plus grandes puissances économiques, leurs banques, leurs grandes entreprises, leurs financiers qui font la prospérité des paradis fiscaux. Et on voudrait nous faire croire que ces mêmes États, réunis dans le G 20, vont dénoncer et réprimer les paradis fiscaux qui sont si utiles à leurs capitalistes ?
L'opacité financière et le secret des affaires sont indissociables du capitalisme. Que le Forum mondial fiscal fasse ses rapports, que le G 20 dresse ses listes : les menaces proférées et les mesures adoptées solennellement ne seront que du vent, puisque les gendarmes sont aussi les voleurs.