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- Lutte ouvrière n°2177
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Haïti : Trois mois après le séisme Le gouvernement chasse les réfugiés des camps
Trois mois après le séisme du 12 janvier, qui a laissé des centaines de milliers de personnes sans abri, le gouvernement haïtien a entrepris l'évacuation forcée des camps de sinistrés de Port-au-Prince.
Après l'expulsion de plus de 7 000 personnes qui avaient trouvé refuge dans le stade de la ville, il s'en est pris à la dizaine de milliers installés dans l'enceinte du lycée Saint-Louis de Gonzague, un établissement très huppé de la capitale. Le religieux, directeur de cet établissement, a justifié cette mesure en déclarant qu'il « n'est pas normal qu'au bout de trois mois l'urgence perdure » ! Il faut dire que cette institution privée accueillait près de 1 200 élèves avant la catastrophe ; un manque à gagner qui a eu rapidement raison des bonnes paroles sur le partage et la morale chrétienne !
Même s'ils constituent un abri de fortune, les camps permettent à ceux qui ont tout perdu d'accéder un peu plus facilement que s'ils étaient isolés à de l'eau potable, à des installations sanitaires, à de la nourriture, voire à des soins. Autant dire qu'en les chassant des camps, le gouvernement, qui ne se soucie pas plus après qu'avant le séisme du sort de la population, aggrave encore les conditions de vie des réfugiés. Et cela, alors que la saison des pluies qui a commencé fait peser de graves menaces sur cette population fragilisée.
Et la volonté du gouvernement de chasser les sans-abri de la capitale trouve des complicités parmi les responsables des institutions internationales. Ainsi, les distributions de nourriture ont cessé dans certains camps ou ont été réduites. « Ça fait partie de notre stratégie » confirme la porte-parole du Programme alimentaire mondial qui ajoute « les choses sont en train de se normaliser en Haïti » !
Pour ces gens-là, qui n'ont que mépris pour la population haïtienne, le retour à la « normalité », ce sont des conditions de vie indignes et la plus extrême misère !