Finances : Les « banksters » de Wall Street21/04/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/04/une2177.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Finances : Les « banksters » de Wall Street

L'administration américaine de régulation des marchés, la SEC, accuse Goldman Sachs, la plus grosse banque d'affaires au monde, d'avoir trompé certains de ses clients.

En 2007 Goldman Sachs avait en effet inventé une série de produits financiers, dérivés comme tant d'autres du marché de l'immobilier américain, mais dotés d'une particularité tenue secrète. Ces titres, dont Goldman Sachs vantait les possibilités de hausse à ses clients, étaient faits pour s'écrouler, permettant ainsi de ponctionner ceux qui les avaient achetés au profit d'autres, qui avaient, eux, discrètement misé sur leur baisse. Les acheteurs étaient notamment des grandes banques européennes et c'est le financier Paulson et Goldman Sachs elle-même qui ont ramassé la mise en jouant à la baisse. Goldman Sachs fut ainsi la seule banque à faire du profit à l'occasion de la crise dite des « subprimes » qui, en 2007, donna le signal de départ de la crise financière qui culmina en septembre 2008.

La SEC ne s'offusque pas de ce que la ruine des uns fasse la fortune des autres, c'est après tout la règle du jeu, mais de ce que les uns et les autres aient été clients de la même banque. Les défenseurs du capitalisme ont toujours prétendu qu'une banque était là pour faire la fortune de ses clients et pas pour leur voler leur bas de laine. Même si la pratique des banquiers a souvent été quelque peu différente...

De plus les institutions ponctionnées par les opérations de Goldman Sachs, depuis l'assureur américain AIG jusqu'à des banques britanniques et allemandes, ont été renflouées par les fonds publics à coup de centaines de milliards, de dollars, de livres ou d'euros. Ce qui fait dire à l'administration Obama ainsi qu'aux gouvernements britannique et allemand, que ce sont les contribuables de leur pays respectif qui ont, en définitive, payé les pots cassés.

Enfin l'ensemble de l'opération, vaste spéculation à la baisse, n'est pas pour rien dans le déclenchement de la crise financière et donc dans la ruine, réelle et non couverte par l'État celle-là, de millions de familles, américaines au premier chef.

L'affaire n'est pas une révélation et, jusque-là, Goldman Sachs passait pour avoir fait un joli coup et Paulson pour un génie de la finance, même au prix d'une crise généralisée. Seulement les milliards déversés par l'État pour tenter de colmater les brèches du système financier emballé n'ont rien réglé. Non seulement toutes les dettes n'ont pas encore été épongées mais les banquiers, Goldman Sachs en tête, ont immédiatement recommencé leurs spéculations. Et si les bénéfices des banques américaines, déclarés ces jours-ci, sont en forte hausse, la dette de l'État est, elle, abyssale et l'instabilité du système toujours plus inquiétante. Et la pauvreté augmente rapidement aux États-Unis.

Aussi le président Obama, après avoir ouvert largement les caisses de l'État au profit des banquiers, parle-t-il maintenant d'une loi de régulation financière. L'affaire Goldman Sachs vient donc à point nommé pour ceux des politiciens américains qui voudraient démontrer que l'État n'est pas exclusivement au service des plus riches et qu'il est capable de faire entendre raison aux « banksters », surnom désormais donné aux requins de Wall Street.

Mais la démonstration risque d'être impossible et même une éventuelle condamnation de Goldman Sachs n'y suffirait pas. Car il n'y a pas de frontière entre ces « banksters » qu'Obama prétend combattre et les « honnêtes capitalistes » qu'il s'honore de servir. Ainsi Goldman Sachs n'est pas une maladie du capitalisme, c'est le capitalisme.

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