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Leur société
Corruption : Le groupe Total à nouveau sur la sellette
L'actualité judiciaire pourrait amener encore une fois le groupe Total dans le box des accusés, pour des affaires de corruption et de trafic d'influence dans le cadre du programme Pétrole contre nourriture. Celui-ci, qui devait soulager les difficultés de la population irakienne à se nourrir pendant l'embargo décrété contre le régime de Saddam Hussein, de 1996 à 2003, a été utilisé par le groupe pétrolier et d'autres comme une opportunité d'élargir leurs activités dans ce pays.
Les opérations du groupe Total au Moyen-Orient, et donc en Irak, étaient alors dirigées par Christophe de Margerie, devenu depuis le PDG du groupe. Lui et plusieurs cadres de la compagnie pétrolière pourraient être mis en examen pour les contrats négociés dans cette période et accompagnés, pratique banale des grands groupes capitalistes, de versements de commissions. Christophe de Margerie cumule : il a déjà été mis en examen pour une affaire identique de contrat gazier en Iran.
Sur le papier, le programme « pétrole contre nourriture » permettait d'acquérir du pétrole irakien en échange de biens de consommation courante destinés à la population. Mais les échanges s'accompagnaient dans les deux sens de commissions versées aux différents protagonistes, en tête la clique de Saddam Hussein, tandis que les produits de première nécessité vendus étaient souvent périmés. Ce système a bénéficié aux entreprises françaises bien placées dans ces échanges. Outre Total, d'autres instructions judiciaires sont en cours contre Peugeot et Renault. Par ailleurs, l'actuel régime irakien tente de récupérer le pactole évanoui en commissions diverses et réclame 10 milliards de dollars à 93 industriels et banquiers accusés de corruption et de détournement de fonds pendant cette période.
En France, plusieurs diplomates de haut rang qui ont bénéficié du système de corruption du groupe Total dans cette période ont été mis en examen : un ex-secrétaire général du Quai d'Orsay, le représentant de la France à l'ONU de 1991 à 1995, le secrétaire général de l'Association des amitiés franco-irakiennes, un ancien membre du Conseil national du RPR... et Charles Pasqua, qui a bénéficié d'un non-lieu en septembre dernier.
Quand l'instruction, commencée en 2002, était arrivée à son terme en 2007, le groupe Total semblait être tiré d'affaire. Selon ses explications, les paiements supplémentaires figurant dans ses comptes étaient des « surcharges » payées à l'État irakien pour obtenir du pétrole. Mais un nouveau juge a repris le dossier et considère ces « surcharges » comme de la corruption et du trafic d'influence. Il reste maintenant à trouver une date pour le procès annoncé... une décision qui pourrait traîner en longueur.