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Leur société
Présidentielle de 2012 : La gauche déjà à la manoeuvre
À peine le second tour des élections régionales passé, les états-majors politiques s'investissent avec fébrilité dans la préparation de la consultation suivante, celle de la présidentielle de 2012.
C'est le cas de la droite, mais aussi celui de ce que l'on appelle la gauche, écologistes inclus. En ce qui concerne ces derniers, la plupart des personnalités qui se sont coalisées au sein d'Europe Ecologie se sont ralliées peu ou prou à la proposition fourre-tout de Cohn-Bendit, consistant en la mise en place d'une « coopérative politique », formule d'autant plus commode que son contenu reste à inventer. Le même Cohn-Bendit a déjà lancé un autre débat, qui a le mérite de mettre le doigt sur le réel enjeu qui tracasse tous ces milieux : faut-il s'orienter vers la présentation d'un candidat écologiste au premier tour de cette présidentielle, ou ne vaut-il pas mieux ne pas le faire, pour obtenir du PS en contrepartie 50 postes d'élus aux élections législatives qui suivront ? Voilà une perspective qui tranche avec les discours hypocrites sur l'urgence qu'il y aurait de préserver la planète. Il est encore plus urgent, semble-t-il, de préparer l'avenir d'au moins cinquante notables ou futurs notables écolos. Il est prématuré de dire si ce marchandage verra le jour, mais cette proposition a le mérite d'illustrer ce qui fait vibrionner ce petit monde politicien.
Il en va de même dans cette autre coalition, non moins politicienne, qui réunit le PCF, le Parti de Gauche de Jean-luc Mélenchon et la Gauche unitaire, incarnée par Christian Piquet, ex-dirigeant de la LCR, qui s'est détaché du NPA.
Sa principale composante, le PCF, tirant le bilan des régionales, s'estime satisfait d'avoir maintenu et même d'avoir dépassé de 0,48 % le score réalisé par le Front de Gauche aux européennes de 2004. Mais dans le même temps, il a perdu la moitié de ses élus dans les Conseils régionaux, dont le nombre passe de 185 à 95. Ce qui n'est pas sans importance, pour un parti qui est devenu, au fil des années, de plus en plus un parti de notables, au détriment de sa composante militante. C'est ce recul qui explique en partie la décision prise par un certain nombre de ses personnalités, tels Patrick Braouzec ou Pierre Zarka, de le quitter, attirés semble-t-il par des formations qui leur paraissent sans doute électoralement plus porteuses, comme Europe Écologie ou une mouvance « de gauche », mieux à même de négocier avec le PS sans avoir à se soumettre aux décisions des instances dirigeantes du PCF.
Quant à la deuxième composante du Front de Gauche, elle n'a pas perdu de temps non plus pour afficher ses ambitions, en particulier celle de son chef de file. Mélenchon s'est empressé de proposer que le Front de Gauche établisse un accord, un « paquet électoral » dit-il, impliquant des candidatures communes, uniques donc, aux futures élections sénatoriales de 2011, à la présidentielle de 2012 et aux élections législatives qui suivront. Une façon pour Mélenchon, vedette et principal bénéficiaire de son alliance avec le PCF, de se positionner pour postuler à être le candidat représentant le Front de Gauche dans la compétition pour l'Élysée.
La direction du PCF explique qu'il serait préférable de discuter préalablement d'un programme, mais se garde bien de préciser quels devraient être les points forts de ce programme, se contentant de fixer pour juin prochain un congrès exceptionnel.
Dans ce véritable champ de manoeuvre qu'est devenu le terrain des discussions et des débats des uns et des autres, on peut constater qu'il n'est jamais question des intérêts des travailleurs et des classes laborieuses. On ne pourrait mieux faire la démonstration que, pour ces politiciens, c'est bien le cadet de leurs soucis.