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- Lutte ouvrière n°2174
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Leur société
Démission d'un préfet : Un haut fonctionnaire sensible, mais à quoi ?
Bernard Fragneau, préfet du Loiret et de la région Centre, a demandé à être remplacé car il considère qu'il a été désavoué par Sarkozy. En effet ce dernier a donné l'ordre de faire revenir en France une jeune Marocaine sans papiers que le préfet avait fait expulser.
Cette jeune fille avait été arrêtée alors qu'elle venait signaler à la police que son frère la battait. Malgré l'évidence des coups, malgré la détresse de Najlae qui avait fui le Maroc pour éviter un mariage forcé, malgré les protestations des associations et des camarades de classe de la lycéenne, Fraigneau avait maintenu la décision et couvert ses services. Najlae avait été embarquée pour Rabat.
L'épisode se plaçant quelques jours avant les élections régionales, le préfet de région avait ajouté que l'affaire avait « une connotation électoraliste évidente » et que certains élus « avaient choisi de l'exploiter sans le moindre scrupule ». C'est très exactement ce qu'avait ensuite fait Sarkozy qui, alors qu'il ordonne aux préfets d'accélérer les expulsions, a fait un geste, et un seul, pour permettre à une jeune fille de revenir, désavouant ainsi de fait le préfet qui avait soutenu mordicus qu'il ne faisait qu'appliquer la loi et les consignes gouvernementales.
Les préfets sont là pour faire le boulot, y compris le sale boulot, que le gouvernement leur demande. Et le faire sans commentaire ni protestation, y compris lorsque le gouvernement les désavoue alors même qu'ils ont appliqué ses consignes. Ils sont tenus, comme les Jésuites, à une « obéissance de cadavre ».
Il faut croire que ce cadavre-là est doué de sensibilité. Du moins en ce qui concerne sa propre personne, car les expulsions de sans-papiers, même les cas les plus révoltants, ne le font pas frémir.