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Leur société
Retraites : La nouvelle réforme Sarkozy-Fillon ne doit pas passer !
Au lendemain du deuxième tour des élections régionales, la couleur est annoncée. « Après l'échec de la droite aux régionales, M. Sarkozy mise sur la réforme des retraites », titrait Le Monde. Et Les Échos du 23 mars, de leur côté, évoquant la nomination d'Éric Woerth au ministère du Travail et de l'Emploi, titraient sur « Un remaniement qui ouvre la réforme des retraites ». Telle serait donc la tâche la plus urgente du gouvernement, et apparemment la principale leçon tirée par Sarkozy de son échec électoral.
Le contenu de cette nouvelle réforme des retraites ne serait pas encore tranché. Mais il n'y a pas de mystère. Sous prétexte d'évolution démographique défavorable, l'âge de départ à la retraite pourrait être repoussé. Il passerait par exemple de 60 ans aujourd'hui, à 63 ans d'ici à 2025, et à 65 ans d'ici à 2035, comme le souhaite le Medef. Autre mesure envisagée, l'allongement de la durée de cotisation. La loi Fillon adoptée en 2003 a déjà prévu de la faire passer à 41,5 ans d'ici à 2020. Le dispositif pourrait être prolongé au-delà, pour porter la durée de cotisation à 43,5 ans d'ici à 2050. Enfin, une troisième option consisterait à mixer les deux méthodes, et donc à la fois à retarder l'âge légal de départ en retraite et à rallonger la durée de cotisation.
Quelle que soit la solution envisagée, l'objectif de cette réforme en préparation est, sous une forme ou sous une autre, de réduire les pensions de retraite et le poids qu'elles représentent pour les finances patronales ; non pas tant de faire travailler plus, mais de payer moins. C'est le résultat auquel ont déjà abouti les réformes précédentes, celle de Balladur en 1993 et celle de Fillon en 2003. En Allemagne, l'âge légal de départ en retraite a déjà été porté à 67 ans. Mais les salariés partent en retraite, en moyenne à 61,7 ans, avec une retraite amputée.
Si le régime de financement des retraites est menacé, ce n'est pas parce qu'à l'horizon 2015, 2025 ou 2050 il y aura trop de retraités par rapport au nombre de salariés, ni parce que globalement on vit aujourd'hui plus longtemps qu'hier. C'est parce que depuis des années tous les gains de productivité ont été accaparés par les patrons et par les actionnaires. Ce sont les multiples exonérations et subventions dont ils ont bénéficié, et ce sont les bas salaires et l'explosion du chômage, dont ils sont responsables, qui vident les caisses et qui creusent les déficits.
S'il y a un problème qui se pose aujourd'hui de façon urgente aux travailleurs, à la population, c'est celui-là. Ce n'est pas un problème de démographie, c'est un problème d'emploi et de salaire. Et le résoudre, c'est une question de rapport de forces. La nouvelle réforme Sarkozy-Fillon des retraites ne doit pas passer. Non seulement il n'est pas question d'accepter un report de l'âge de la retraite à 62, 63 ans ou plus, mais il faut revenir aux 37 ans et demi de cotisation assurant une retraite correcte à tous.