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Editorial
Voter Lutte Ouvrière pour sanctionner non seulement Sarkozy, mais le système capitaliste
Sarkozy a clos le 4 mars les « États généraux de l'industrie » qui avaient été ouverts le 15 octobre 2009. Près de cinq mois de palabres, à l'issue desquels la CGT, la CFDT et FO se sont déclarées déçues. Mais qu'est-ce qui aurait bien pu sortir de positif pour les travailleurs de ces palabres ? Les dirigeants des confédérations syndicales auraient mieux fait de se préoccuper un peu plus de la préparation de la nécessaire riposte aux attaques du patronat et du gouvernement contre le monde du travail. Ils auraient mieux fait de ne pas attendre le 2 mars pour appeler les travailleurs à manifester leur mécontentement le 23 mars, plutôt que de papoter autour du tapis vert avec ceux qui mènent ces attaques.
En dehors de déplorer que les différents États européens ne soient pas capables de mener une politique industrielle commune - parce que, tout comme l'État français, ils défendent chacun les intérêts de leur bourgeoisie nationale - Sarkozy n'a fait que ressortir ses vieilles recettes, promettant de nouvelles subventions au patronat, envisageant, selon Le Figaro, un « nouveau mode de financement de la protection sociale », ce qui signifie en clair de nouvelles diminutions des cotisations patronales au détriment de la Sécurité sociale et des retraites.
Les travailleurs employés par l'industrie, qui étaient plus de cinq millions en 1980, sont aujourd'hui moins de trois millions et demi. Mais cette évolution est le résultat des choix du grand patronat, qui s'efforce de faire produire autant avec des effectifs réduits... et des rythmes de travail épuisants, en limitant au strict minimum les investissements nécessaires au maintien de la production.
La crise financière actuelle a encore accentué l'engouement des groupes capitalistes pour les opérations financières, au détriment de l'activité industrielle. Ceux qui disposent de capitaux justifient leurs revenus extravagants par le rôle qu'ils jouent dans la production et par les risques que cela implique pour leur argent.
Mais leur argent va de moins en moins vers la production, et de plus en plus vers la spéculation ! Quant aux risques, ils en prennent de moins en moins. S'ils gagnent, ils encaissent, et s'ils perdent, l'État paie leurs dettes.
La grande bourgeoisie est une classe de plus en plus parasitaire, nuisible à la société, qui n'a plus aucune justification, aucune légitimité. Mais c'est cette classe qui domine l'économie et la société. Ce sont ses décisions qui comptent, et pas les gesticulations dérisoires d'un Sarkozy, pas ses discours sur son plan prétendument destiné à faire en sorte que « la France demeure une grande nation industrielle ».
Car, même dans les entreprises où l'État a la majorité des actions, c'est-à-dire tous les moyens pour investir, il ne le fait pas.
La SNCF crée-t-elle de nouvelles lignes de chemin de fer ? Non, elle en supprime, en supprimant par la même occasion des emplois de cheminots et en dégradant le service sur les lignes de banlieue ou sur les lignes dites secondaires !
La Poste investit-elle dans la création de nouveaux bureaux, pour mieux desservir les quartiers populaires ou les villages ? Non, elle les ferme !
Quant aux subventions destinées au patronat, si cela suffisait pour inciter les capitalistes à investir dans la production, on le saurait depuis le temps ! Cela fait des décennies que l'État mobilise de plus en plus d'argent pour « inciter » les capitalistes, mais ceux-ci empochent l'argent et n'investissent toujours pas. Pourquoi le feraient-ils, alors que la finance rapporte plus ? Même l'argent que leur distribue généreusement l'État finit par rejoindre les circuits spéculatifs.
Alors, puisque le 14 mars on nous donne un bulletin de vote pour élire des Conseils régionaux dont la composition ne changera rien à la situation, servons-nous-en pour dire notre condamnation de ce système qui considère que les profits d'une poignée de gros capitalistes passent avant le sort de ceux qui sont vraiment utiles à la société. Pour dire notre colère. Pour dire que nous sommes conscients que ce n'est que par une riposte unie de tous les travailleurs qu'on pourra mettre un coup d'arrêt à la marche programmée vers la misère que nous préparent les industriels, les banquiers et les hommes politiques qui défendent ce système dément.
Et cela, nous ne pourrons le dire que par le vote Lutte Ouvrière.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 8 mars