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Dans le monde
Grèce : Un plan d'austérité révoltant
Les dernières mesures - pour le moment - décidées par le gouvernement grec, le mercredi 3 mars, ont été un nouveau coup de massue.
Pour faire les 4,8 milliards d'économies prévus, il a décidé d'augmenter toutes sortes de taxes : tous les taux de TVA sont concernés, en particulier le plus élevé, qui passe de 19 à 21 % ; les taxes sur les carburants le sont également (10 centimes de plus sur le sans-plomb, 3 centimes sur le diesel). Le tabac (+ 3 %), les alcools, la consommation d'électricité : tout va augmenter. Comme les augmentations ne suffisent pas, il a décidé de rançonner les travailleurs du public, actifs et retraités, par le gel des pensions, la diminution des allocations saisonnières (-30 % à Noël, à Pâques et aux congés payés), le gel des embauches et une coupe dans presque tous les programmes d'investissements publics. Le catalogue de toutes les économies, de tout ce qui peut être grappillé ici et là, n'en finit pas.
Pressé par l'Union européenne, soumis aux pressions des spéculateurs, le Premier ministre socialiste, Papandréou, présente comme inévitables ces attaques contre la population ; il rappelle que les salaires des ministres - et le sien également - ont aussi été « considérablement » réduits. Il en appelle à la cohésion nationale contre l'acharnement des marchés, de ces « institutions financières qui ont été renflouées avec l'argent des contribuables et qui font désormais fortune grâce aux malheurs de la Grèce ». Sa politique ne désarme évidemment pas ces institutions qui, le lendemain de l'annonce des mesures d'austérité, se sont bousculées pour souscrire au nouvel emprunt grec mais à un taux de 6,25 %, presque le double de celui auquel l'Allemagne s'endette.
Mais si la politique du gouvernement socialiste grec est inefficace contre les spéculateurs, elle risque d'être efficace pour appauvrir sa propre population et lui faire payer la crise. Les médias relaient la propagande gouvernementale pour faire passer le message que ces mesures sont certes très douloureuses mais quasi inévitables.
Bien sûr, cela n'empêche pas les protestations. Le lendemain de l'annonce des nouvelles mesures, des débrayages, des manifestations de protestation ont eu lieu, au premier rang desquelles on a vu les tendances syndicales minoritaires, celle liée au Parti Communiste et celle de la Gauche radicale (Syriza). Les deux grandes confédérations du public (ADEDY) et du privé (GSEE) ont annoncé une journée de grève générale pour le jeudi 11 mars et aussi d'autres mobilisations plus partielles comme celles des travailleurs de l'électricité le 16 et le 17 mars. Elles réclament des augmentations de salaires, la suppression des attaques contre les salaires, les pensions, le gel des licenciements etc.
Du côté des travailleurs, la colère contre ces attaques est réelle mais le désarroi existe aussi face à cette accumulation de mauvais coups. Quelle alternative, quelle politique mettre en avant pour refuser ce que veulent leur imposer non seulement leur gouvernement, mais l'Union européenne et les puissances financières internationales ?
C'est non seulement le problème des travailleurs grecs, mais aussi celui des travailleurs portugais dont le gouvernement vient de décider, pour réduire son déficit public, d'un plan d'austérité avec gel des salaires et non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Ce qui se passe en Grèce guette aussi l'Espagne, et peut-être aussi la France. Les puissances financières qui spéculent sur la faillite des États connaissent d'autant moins de limites que ces États eux-mêmes les renflouent comme ils l'ont fait avec leurs banquiers depuis l'automne 2008.
La mobilisation des travailleurs grecs va peut-être se renforcer et s'organiser. Mais le problème posé par un capital financier qui déclenche les crises et fait les poches des classes populaires, avec la bénédiction des gouvernements à leur service, est désormais celui des travailleurs de tous les pays.