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- Lutte ouvrière n°2168
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent : Une pizza qui a un sale goût
Je travaille comme livreur de pizzas à Lille, dans une chaîne qui compte plus de 100 enseignes en France. Sur Lille, le secteur de livraison à domicile de repas est très disputé et de nouvelles enseignes apparaissent régulièrement. Seulement voilà, le patron vient de découvrir que le marché a ses limites. Des responsables du groupe nous l'ont annoncé clairement : comme ils n'espèrent plus attirer de nouveaux clients, ils ont décidé de « comprimer la masse salariale », selon leurs termes. Déjà qu'elle n'était pas bien grosse... Pour cela, ils ont décidé de mettre en place un centre d'appels afin, nous ont-ils expliqué, de « supprimer les emplois inutiles » (malgré les apparences, ils ne parlaient pas de ceux qui nous commandent). Cela signifie que certains parmi nous vont se retrouver à la porte.
Cela fait des mois que le patron cherche à faire des économies sur nos salaires. Il a installé un nouveau logiciel qui calcule le temps des courses que nous faisons en mobylette. Ce logiciel sert aussi de pointeuse, si bien que si nous mettons cinq minutes de plus pour revenir, cela apparaît et il s'en sert pour nous demander des comptes. Comme si en hiver on avait envie de rester plus longtemps dans le froid ! Il essaie aussi de nous faire revenir travailler deux heures pour le « coup de feu », ce qui équivaut à venir au boulot pour gagner 17 euros alors que c'est à ce moment-là que le patron fait ses plus gros chiffres. Et il prend même de la main-d'oeuvre gratuite, sous prétexte de réinsertion de jeunes...