Jeux olympiques de Vancouver : La sécurité passe après le spectacle17/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2168.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Jeux olympiques de Vancouver : La sécurité passe après le spectacle

La veille de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver à Vancouver, un jeune sportif géorgien s'est tué au cours d'un essai sur la piste de luge. Il en est sorti dans un virage et sa tête a heurté un des poteaux métalliques qui se trouvaient au bord. Avec une vitesse de 140 km/h et un casque pour seule protection, il n'avait aucune chance de s'en sortir.

Les organisateurs des Jeux ainsi que les responsables de la Fédération internationale de luge n'ont pas attendu longtemps pour dégager leur responsabilité. Le jour même, ils déclaraient que la mort du lugeur était due à une « erreur humaine » et que « l'accident n'était dû à aucune anomalie de la piste ». Autrement dit, les Jeux pouvaient se dérouler sans que la mort d'un jeune sportif vienne en perturber l'organisation... ni surtout les recettes qui en découlent.

Les sports de haut niveau comportent certes une part de risque, et les chutes sont fréquentes, notamment dans cette discipline. Mais dans le cas présent, comment peut-on affirmer que la jeunesse et l'inexpérience du jeune lugeur sont seules responsables de sa mort ? Tous les lugeurs s'accordent à dire que, si les erreurs de trajectoire sont monnaie courante, une sortie de piste, elle, n'est pas normale, sa forme étant en principe étudiée pour empêcher ce type d'accident, et beaucoup n'ont pas caché leur inquiétude face à cette piste qu'ils estiment être « à la limite du dangereux ». Un lugeur australien a résumé ainsi leur réaction à la mort du sportif : « On n'est pas des mannequins de crash test » !

Les organisateurs ont finalement modifié ce virage avant le début des épreuves, ce qui montre qu'ils ont pris conscience du danger, bien qu'ils continuent à le nier. Ils ont aussi raccourci la piste, abaissant de ce fait la vitesse moyenne de 20 km/h. Mais percuter un poteau à 120 km/h est tout aussi mortel qu'à 140, et il semble aberrant que des poteaux puissent ainsi se trouver en bordure du tracé, sans aucun dispositif pour empêcher les sorties de piste.

Du fait du temps trop doux, les organisateurs ont dépensé 2,5 millions de dollars pour apporter de la neige sur les sites olympiques, par camions et hélicoptères (12 000 rotations !). Le spectacle devait avoir lieu, avant tout. Mais la sécurité des sportifs ne méritait pas les mêmes attentions.

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