Jeudi 11 février, les habitants du village de Bil'in, en Cisjordanie, ont enfin obtenu que l'armée israélienne accepte de déplacer le mur les séparant des colonies juives voisines. Cela leur permettra de récupérer 60 hectares, soit environ un tiers des terres qui leur avaient été confisquées par le tracé initial du mur.

Comme pour des dizaines d'autres villages de Cisjordanie, tout a commencé dans les années 1980 avec l'implantation en toute illégalité d'une première colonie juive sur les terres du village. Puis, fin 2004, d'autres terres ont été confisquées pour permettre la construction du mur destiné à séparer ces colonies juives du village. Mais début 2005, des habitants de Bil'in ont constitué un comité de résistance, bientôt rejoints par des militants israéliens, puis relayés au niveau international. Ils ont mis deux ans et demi à obtenir que la Cour suprême israélienne juge illégal le tracé du mur, puis encore deux ans et demi pour que l'armée israélienne accepte de reconstruire le mur.

C'est donc une petite victoire, même si elle n'enlève rien à l'ignominie du mur de la honte, ce mur haut de huit mètres et surmonté de barbelés, encerclant les territoires occupés palestiniens de Cisjordanie sous prétexte de protéger les Israéliens d'attaques terroristes. Mais cette victoire, les habitants de Bil'in la doivent avant tout à leur détermination. Ils n'ont pas flanché durant ces années alors que les raids militaires nocturnes israéliens et les arrestations se succédaient, et alors que l'armée israélienne intervenait parfois violemment lors de leurs manifestations, faisant au total des centaines de blessés et plusieurs morts.