Peugeot - Sochaux : Pour les salaires, protestations en chaîne12/02/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/02/une2167.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot - Sochaux : Pour les salaires, protestations en chaîne

Le 22 janvier dernier, quand les chefs ont annoncé aux briefings que, en guise d'augmentation de salaire, PSA lâchait 1 % avec 18 euros minimum pour les ouvriers de fabrication, des travailleurs ont immédiatement fait entendre leur mécontentement.

L'usine de Peugeot à Sochaux compte 7 300 ouvriers, dont 3 800 de fabrication, auxquels s'ajoutent 1 600 intérimaires et 160 CDD, pour produire 1 630 voitures chaque jour. Dans les ateliers, beaucoup affichaient leur désapprobation, disant : « 1 % pour nous, alors que PSA a 3,2 milliards d'euros pour Mitsubishi, on se fout de nous. » Bien des ouvriers de fabrication disaient qu'on allait gagner moins que l'an passé : « Nous avons donné notre part de travail, et même plus avec les samedis travaillés depuis des mois, les voitures se vendent bien, et on n'a rien de plus ? » Et puis le fait que PSA prétende avoir perdu de l'argent était pris comme l'annonce déguisée qu'il pourrait n'y avoir ni prime d'intéressement ni prime de participation cette année (1 300 euros brut en moyenne les années précédentes), soit un manque à gagner d'environ 80 euros par mois. Travailler plus et gagner moins, il n'en était pas question, et nombre d'ouvriers ne se privaient pas de le faire savoir autour d'eux.

DES CENTAINES D'OUVRIERS ONT DEBRAYE POUR PROTESTER...

Le 29 janvier, jour où la direction devait annoncer les mesures salariales de PSA à Sochaux, environ 500 ouvriers, dont des professionnels et des intérimaires, protestaient en arrêtant le travail à l'appel de trois syndicats (CGT, CFTC et CFDT) et se rassemblaient devant le building de la direction, où un nouvel appel était décidé. Pendant ce temps-là, sur les chaînes, chefs d'équipe, d'atelier, responsables de fabrication se mettaient aux postes en chaîne, réussissant au mieux à sortir autant de voitures que les doigts d'une main. Il faut dire que la vieille manoeuvre de la direction, de chercher du monde en équipe inverse pour remplacer les grévistes, a fait « plouf », même auprès des intérimaires, qui tenaient à montrer ainsi leur désaveu de l'absence d'embauche.

Les 4 et 5 février suivants, bien que deux syndicats n'appellent plus à protester (CFTC le jeudi, CFDT le vendredi), jusqu'à plus de 700 ouvriers de l'usine, de tous les secteurs de fabrication, se sont retrouvés à l'atelier du Montage et ont défilé dans les allées en scandant haut et fort : « 1 %, on n'est pas des mendiants », « Augmentez nos salaires, pas les actionnaires », « Robert, tes lingots », « Augmentez nos salaires, embauchez les précaires », « De l'argent il y en a, dans les caisses de PSA », « De l'argent pour le turbin, pas pour les salles de bain », « Embauchés, précaires : même combat », etc. À noter l'allusion, claire pour tous, aux lingots que Robert Peugeot avait planqués dans sa salle de bain, comme on l'a appris après un récent cambriolage.

Le fait que des intérimaires protestent aussi à amené la direction à leur faire envoyer des SMS, via les agences d'intérim, à peu près en ces termes : « Toute absence au poste constatée pourrait amener à vous considérer comme démissionnaire ! » Mais des intérimaires ont continué à poser les outils et certains ont même quitté la chaîne pour rejoindre le cortège des grévistes, au nez et à la barbe des sbires du patron. Les trois débrayages qui ont concerné les deux équipes de doublage et l'équipe de nuit ont touché un petit millier de travailleurs.

Le 10 février, PSA doit publier ses résultats pour 2009. De leur côté, les grévistes approuvent l'idée de la nécessité d'amplifier la contestation à Sochaux et d'essayer de l'élargir aux autres usines PSA du pays...

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