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- Lutte ouvrière n°2167
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Dans les entreprises
Chantiers de l'Atlantique-STX - Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : Une colère qui se manifeste
Demande de 351 départs volontaires, chômage partiel sans date de retour au travail, renvoi massif des intérimaires, fermetures quotidiennes d'entreprises de sous-traitance : en quelques mois, ce sont des milliers de salariés qui se sont retrouvés au chômage aux Chantiers de l'Atlantique.
Après le départ des deux paquebots en construction, dont le dernier partira en juin, l'avenir des Chantiers est plus qu'incertain.
La direction de STX avait présenté un projet de texte portant sur le renouvellement de l'accord sur les mesures d'accompagnement du chômage partiel qui avait été signé en octobre 2009. Le maintien de 92 % du salaire net semblait assuré pour les mois de mars, avril et mai 2010. Mais dans les ateliers les travailleurs, en faisant leurs comptes, se sont aperçus qu'ils perdaient beaucoup plus d'argent que prévu. La direction s'était bien gardée de préciser que les primes ne faisaient pas partie du calcul. De fait, ce n'était pas 100, 150 euros en moins sur la fiche de paie chaque mois (ce qui est énorme déjà, par rapport aux salaires minables en vigueur), mais 200 à 250 euros !
Du coup, dès vendredi 5 février, un débrayage spontané avait lieu au départ d'un atelier. Avec le soutien de la CGT et de la CFDT, les travailleurs sont partis chercher ceux d'autres secteurs de production, ils se sont retrouvés à plusieurs centaines.
Deux cadres de la sécurité du chantier, comme des cow-boys, ont considéré pouvoir se défouler sur un délégué de la CGT. Plusieurs travailleurs ont pu constater leur lâcheté lorsque ces deux zélateurs, après avoir mis à mal physiquement ce délégué, se sont enfuis dans leur voiture. Ce qui n'a fait que renforcer la colère.
Sentant le mécontentement, la direction décidait d'avancer au lundi 8 février la réunion prévue le jeudi 11 février pour la négociation de ses propositions. De leur côté la CGT et la CFDT appelaient à un débrayage pendant la réunion à midi. En fait, dès l'embauche à 6 heures le 8 février, les travailleurs de l'équipe du matin se sont mis en grève pour aller de nouveau chercher les salariés d'autres secteurs. La décision d'aller discuter avec les sous-traitants à l'entrée des accès au paquebot en finition et prêt à partir vendredi aux essais en mer a été unanime. L'accueil fut chaleureux, les travailleurs sous-traitants trouvant la lutte normale. Les discussions allaient bon train sur l'avenir des Chantiers et le sort réservé aux uns et aux autres dans les mois à venir. À midi, les ouvriers de l'équipe de l'après-midi ainsi que ceux au chômage partiel ont rejoint l'équipe du matin. Dans une ambiance assez remontée.
La direction a reculé en incluant les primes dans le calcul du paiement à 92 % du salaire. C'était en soi une victoire. Mais en même temps, elle convoquait les organisations syndicales d'ici fin mai, pour négocier l'intégration des primes dans le taux horaire du salaire, avec des contreparties si peu claires que, du coup, le recul de la direction (qui faisait gagner quand même 100 à 120 euros) est apparu comme un traquenard. Plusieurs travailleurs ont crié : « Pas de complication, on veut être payé à 100 % avec les primes ». La méfiance était unanime. D'autant que les propositions de la direction n'étaient valables que trois mois et qu'ensuite c'était le brouillard le plus total pour tous les travailleurs.
Il était visible que personne n'avait envie de reprendre le travail. L'équipe de l'après-midi décidait de ne pas reprendre et de se joindre à l'équipe du matin, le lendemain mardi à 6 heures. Être ensemble et nombreux, ça renforçait le moral !