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- Lutte ouvrière n°2164
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Leur société
Sarkozy à La Réunion : Et tout ça pour rien...
C'est en coup de vent, protégé par toute une armada de policiers, que Sarkozy est venu à La Réunion les 18 et 19 janvier. Pour l'occasion, toutes les entreprises de la zone industrielle du Chaudron à Saint-Denis ont été fermées. On est loin du « président du pouvoir d'achat », prétendument proche des travailleurs. Le masque est depuis longtemps tombé et bien peu de gens se font encore des illusions sur la politique menée par le gouvernement que dirige Sarkozy.
Avec à ses côtés de nombreux patrons, dont les représentants de Renault, de l'EDF, et De Chateauvieux, le capitaliste le plus riches de l'île, Sarkozy a rendu un hommage à l'industrie française, promettant de veiller sur elle et de la renforcer. Devant quelque trois mille invités représentant la société civile, politique et surtout patronale, réunis au parc des Expositions, le président a présenté ses « voeux aux populations des DOM-TOM », en fait ses voeux aux riches de ces territoires à qui il a entre autres promis une extension du port et de l'aéroport du sud de l'île.
Pour les classes populaires il n'y a en revanche rien eu, alors que pour elles les problèmes augmentent. À La Réunion, l'année 2009 s'est en effet soldée pour beaucoup par une nette dégradation de leurs conditions de travail et de salaire. C'est le cas dans le bâtiment, où des milliers d'ouvriers ont perdu leur emploi, sans pouvoir en retrouver un autre. C'est le cas aussi pour les 1 200 salariés licenciés de l'Arast, une association d'aide, qui se retrouvent aujourd'hui sans salaire et même sans indemnité de licenciement.
C'est le cas encore pour les salariés de nombreuses autres associations dont les employeurs, souvent des collectivités territoriales, font défaut.
En fait, en un an, plus de 10 000 salariés ont ainsi perdu leur emploi.
Des travailleurs ont récemment manifesté leur mécontentement et leur impatience de voir s'améliorer leur quotidien. Il s'agit par exemple des retraités. Des dizaines de milliers d'anciens, après avoir trimé toute leur vie et souvent plus de 40 ans, sont réduits à survivre avec des retraites indécentes, inférieures au minimum vital. Ils ont crié leur colère à plusieurs centaines le 13 janvier dernier devant un centre de Sécurité sociale. Les responsables de leur situation sont bien connus, ce sont des patrons qui ne les ont pas toujours déclarés. Il s'agit aussi de l'État qui a fermé les yeux sur ces agissements indignes.
Il y a aussi la jeunesse qui sort des écoles de formation professionnelle, des lycées et des facultés. Il y a aussi tous ces jeunes sans aucune formation, mais qui ont tout autant le droit de vivre, et qui ne trouvent pas à s'embaucher parce que ce n'est pas l'intérêt du patronat. Ni d'ailleurs celui de l'État, pourtant en charge des services publics, mais qui préfère réserver les sommes dont il dispose à aider les industriels et les banquiers responsables de la crise.
D'un côté il y a donc les besoins d'une majorité de la population et de l'autre côté - il vaudrait mieux dire en face - il y a tous ceux que cette société compte de profiteurs, de grands propriétaires, d'industriels et de banquiers, avec toute une classe politique à leur service.
Dans une société où 52 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, la minorité que représente Sarkozy s'est retrouvée entre elle, loin des manifestants empêchés d'approcher, voire même de se rassembler. Mais, à ne pas vouloir voir la souffrance qu'elle provoque, qu'elle ne s'étonne pas d'être surprise par le retour de bâton.