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- Lutte ouvrière n°2164
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Dans les entreprises
Sanofi Aventis : Face à la colère des travailleurs les vaccins ne protègent pas la direction
On n'avait encore jamais vu ça depuis la fusion Sanofi Aventis : le 14 janvier, 800 salariés venus en délégation de toute la France manifestaient devant le siège social à Paris, pour exprimer leur colère et leur refus d'une politique qui a pour conséquence des suppressions d'emplois et des augmentations de salaire dérisoires.
Cette manifestation faisait suite à un mouvement de grève démarré bien avant Noël dans les usines de production de vaccins de Val-de-Reuil (Eure) et Marcy-l'Étoile (Rhône). Il faut dire que la décision de 1,2 % d'augmentation salariale collective pour 2010 ne passe pas, alors que le trust atteindra pour 2009 des profits mondiaux records en hausse de 20 % à la fin du troisième trimestre, soit plus de 8 milliards d'euros, et sans doute même 9 milliards avec le coup de pouce de quelques centaines de millions d'euros de bénéfice supplémentaire réalisé grâce à la vente des vaccins contre la grippe A. Et cela dans un groupe où les bénéfices sont en hausse continuelle (7,2 milliards en 2008). Cette année, les actionnaires verront leur dividende augmenter de 23,1 %. De surcroît, le groupe vient d'effectuer 31 acquisitions et prises de partenariat, pour un total de 8,4 milliards d'euros !
Dans les usines, une exploitation accrue
Pour obtenir un tel résultat, la direction de Sanofi Aventis a mené une véritable guerre au personnel : charges de travail augmentées, chasse aux coûts, aggravation des conditions de travail, changement des rythmes de travail, travail en équipes de nuit, du samedi, du dimanche, pour la production du vaccin H1N1 ou du Doliprane. Elle a cherché à réduire la masse salariale par tous les moyens, y compris en ne remplaçant pas les départs et en maintenant une précarité permanente. C'est travailler plus, plus dur, en étant moins nombreux !
Une année de travail dans ces conditions et l'annonce d'une augmentation des salaires de 1,2 % (19 euros pour les plus bas salaires) ont donc mis le feu aux poudres : trop, c'est trop !
Le mécontentement sur les salaires étant partagé par tous, de Sisteron à Compiègne en passant par Toulouse ou Lisieux, les grèves ou arrêts de travail limités mais répétés ont touché quasiment tous les sites, tant en production qu'en recherche, cela avec le soutien de l'ensemble des organisations syndicales à l'exception de la CGC.
Dès le mois de décembre, les salariés des deux sites de Sanofi Pasteur se sont mis en grève. Cela a entraîné des débrayages, des grèves, des manifestations sur les autres sites du groupe, ce qui amena la direction du groupe à donner une augmentation minimum des salaires de 50 euros brut par mois (à peine 40 euros net). Mais la direction a eu beau annoncer cette augmentation sur l'année, soit 600 euros brut, les travailleurs savent compter ! Et une manifestation rassemblant des travailleurs de tous les sites à Paris devant le siège social a donc été organisée.
Vers la réorganisationde la recherche
À la question des salaires s'ajoute celle des suppressions d'emplois, principalement dans la recherche, que la direction entend « réorienter ». Cela passe par 1 300 suppressions d'emplois (avec notamment des dispositifs de cessation anticipée d'activité) qui viendront s'ajouter aux 500 emplois supprimés dans les fonctions centrales et aux 1 000 emplois chez les visiteurs médicaux. À Vitry-sur-Seine par exemple, ce sont près de 300 salariés qui quitteront le Centre de recherche, littéralement expulsés en quelques semaines (près de 20 % des effectifs).
Le directeur de Sanofi Aventis, Christian Lajoux, a déclaré qu'il voyait le mouvement social actuel dans le groupe comme « un appel d'amour » des salariés. Si ce monsieur aime l'amour vache, il faut lui en redonner, puisque la direction reste inflexible sur les salaires, alors que nous revendiquons toujours 3 % avec un minimum de 150 euros par mois.
Les collègues de Pasteur en grève durant trois semaines ont annoncé qu'ils reprenaient le travail, mais en se disant prêts à repartir si tout le groupe s'y met. Et c'est bien ce qu'il faudrait faire pour que la direction cède, en coordonnant la lutte de plus de vingt-cinq sites dispersés dans tous le pays.