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Leur société
Vaccins contre la grippe A : Bachelot au service des labos
Après que la ministre de la Santé a annulé la commande de 50 millions de doses de vaccins, les actionnaires des laboratoires pharmaceutiques fournisseurs n'ont pas de souci à se faire. L'État et son gouvernement continueront à les arroser généreusement... à coups d'indemnités de dédommagement et de promesses de commandes à venir.
Au moment de la commande des vaccins contre la grippe A, en juillet dernier, Roselyne Bachelot n'avait pas lésiné : 94 millions de doses ont été commandées, pour un montant total de près de 900 millions d'euros. Les géants de l'industrie pharmaceutique à qui les commandes ont été passés - les Novartis, Sanofi Aventis et GlaxoSmithKline - se sont frotté les mains.
Sauf que, six mois plus tard, à peine six millions de personnes se sont fait vacciner. Et ce ne sont pas les quelques centaines de milliers de doses revendues au Qatar et à Monaco qui changent grand-chose. On croule sous les réserves réelles ou potentielles de vaccins inutiles.
Mais quand la ministre claironne qu'elle annule la commande de 50 millions de doses afin de réaliser une économie de 350 millions d'euros, elle oublie de préciser que les contrats ne sont pas modifiables et qu'il va falloir payer des indemnités pour rupture de contrat. Quant aux laboratoires, ils pleurnichent, affirmant qu'ils ont produit la quasi-totalité des vaccins commandés, ou encore qu'ils ont acheté les matières premières et que cela coûte très cher.
Si on en croit un article paru dans le Journal du Dimanche, un accord serait en voie d'être trouvé entre l'État et les laboratoires fabricants des vaccins, afin de convertir la commande initiale « en un droit de tirage futur auprès des trois laboratoires ». En clair, l'État s'engagerait à commander à l'avenir les vaccins auprès de ces trois firmes et verserait dès aujourd'hui des arrhes pour ces futures commandes ! C'est, nous dit-on, qu'il faut bien donner à ces entreprises quelques liquidités et surtout ne pas affoler les marchés financiers en prenant le risque de faire baisser le cours des actions.
Face, les labos gagnent. Pile, ils gagnent encore ! L'État leur paie au prix fort des vaccins qui risquent fort de ne jamais être utilisés. L'État les dédommage. L'État leur assure des profits futurs. Et tout cela avec l'argent public.
Roselyne Bachelot, titulaire d'un diplôme de docteur en pharmacie et qui a travaillé pendant des années pour le compte de laboratoires de l'industrie du médicament avant d'embrasser sa carrière politique, n'oublie pas ses anciens amis. Mais eût-elle fait de tout autres études, qu'elle aurait mené la même politique. Car l'État et le gouvernement ont pour premier souci d'abreuver les patrons et les actionnaires des grandes entreprises industrielles avec l'argent public.