Le gratte-ciel le plus haut du monde à peine inauguré, Dubaï doit prochainement faire sortir des sables du désert la réplique à l'échelle 1/1 de l'ensemble du quartier historique du Vieux Lyon.

Le cheik dubaïote al-Gandhi serait tombé amoureux de ce quartier, et, la nature faisant bien les choses, il peut facilement se permettre de s'en offrir un double rien que pour lui. Encore mieux, il est président d'Emivest, l'un des gros promoteurs semi-publics qui bétonne Dubaï en tous sens et trois dimensions. Grâce à cela devrait voir le jour sur 300 hectares Lyon Dubaï City, un double complet du Vieux Lyon, avec « l'architecture, les monuments, les pavés, les bistrots, l'ambiance de Lyon », promet le projet. Il prévoit même d'accueillir des succursales de l'Olympique lyonnais, du restaurateur Paul Bocuse, de l'université Lyon II et de l'Institut Lumière

La nostalgie n'est plus ce qu'elle était : ce romantisme coûteux d'un cheikh milliardaire aura aussi pour but d'« offrir » quelque 10 000 appartements à des investisseurs, des touristes fortunés ou de riches étrangers en mission.

Ce nouveau projet succède au Louvre d'Abou Dhabi, aux îles artificielles en forme de palmier, au record d'altitude de la vertigineuse Burj Khalifa - modeste hommage à l'émir d'Abou Dhabi qui avait obligeamment fourni, en décembre dernier, au consortium Dubaï World, les 10 milliards de dollars nécessaires pour éviter la faillite de son géant immobilier Nakheel.

Pas pour autant débarrassé des menaces d'écroulement de ses montages financiers et immobiliers, Dubaï serait à la tête d'une dette publique supérieure à 100 milliards de dollars. 90 % de ses habitants étant constitués d'étrangers, dont la moitié travaillaient dans le BTP, une fraction importante de ceux-ci a déjà quitté l'émirat. Reste donc à la richissime famille qui dirige Dubaï à attirer si possible plus encore de touristes fortunés amateurs de chaleur, mais avec air conditionné, et de désert, mais proche de la mer.

Quelles idées délirantes, à base de béton et de technologie, lui viendra-t-il à cette intention ? Reproduire Venise sur une lagune artificielle ou tenter de ressusciter Mozart à parti de son ADN ?