Indemnisation des victimes des essais nucléaires : Le ministère de la Défense est juge et partie30/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2010/01/une2161.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Indemnisation des victimes des essais nucléaires : Le ministère de la Défense est juge et partie

Le Parlement a adopté mardi 22 décembre le projet de loi concernant la reconnaissance et l'indemnisation des irradiés victimes des essais nucléaires effectués entre 1960 et 1992, en Algérie d'abord, puis en Polynésie française.

Au total, l'armée a effectué 210 essais nucléaires, exposant aux radiations quelque 150 000 militaires et civils ayant participé aux essais, sans leur fournir de protection et sans la moindre information sur les dangers encourus. Les populations environnantes avaient elles aussi été exposées aux retombées radioactives.

Cela fait des décennies que des militaires et des civils se battent, en leur nom personnel ou regroupés dans des associations, pour obtenir réparation de l'État. Nombre de personnes irradiées ont développé des cancers ou d'autres maladies graves, et en sont décédées. Dix-huit maladies ont d'ailleurs été retenues comme ouvrant droit à des indemnisations.

La loi votée a au moins le mérite de reconnaître le bien-fondé des plaintes des victimes, presque ignorées jusqu'à présent, mais c'est à peu près tout, car elle est loin de répondre à leurs attentes. Il y a en effet de quoi être méfiant, puisqu'il est prévu que l'indemnisation soit évaluée par un comité mis en place par le ministère de la Défense et qui soumettra son avis... au même ministère de la Défense, qui décidera alors qui sera indemnisé et combien il touchera. On peut déjà en voir les limites puisque l'enveloppe prévue à cet effet ne se monte qu'à 10 millions d'euros, inclus dans le budget 2010. Par ailleurs, trois jours avant le vote de la loi, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Papeete pour protester contre le fait que les zones définies par la loi étaient trop restrictives.

L'armée et le gouvernement sont prêts à engloutir des milliards pour acheter des engins de mort, mais multiplient les obstacles quand il s'agit d'indemniser les victimes de leur irresponsabilité criminelle.

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