L'AMF face à EADS : Avec des gendarmes comme ça on peut jouer aux voleurs23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'AMF face à EADS : Avec des gendarmes comme ça on peut jouer aux voleurs

Au bout de trois ans d'enquête, la commission des sanctions de l'AMF (l'Autorité des marchés financiers), appelée aussi le gendarme de la Bourse par des journalistes bienveillants, a donc décidé de blanchir les 17 dirigeants de EADS accusés d'avoir caché des informations leur permettant de vendre leurs actions avant que la révélation du retard de la construction de l'A380 n'entraîne leur baisse.

C'est ainsi que Noël Forgeard (et sa famille), alors co-président de EADS, avait réalisé pour environ cinq millions de plus-value, tandis que Lagardère et DaimlerChrysler, les deux principaux actionnaires privés, avaient touché un jackpot de l'ordre de 400 millions d'euros chacun.

Si ces dirigeants de EADS ont été blanchis, ce n'est pas grâce au « travail » de leurs 50 avocats, mais grâce, tout simplement, à la toute-puissance économique et politique que représente ce groupe.

Quant aux organismes de régulation chargés de veiller à ce que le système économique ait un fonctionnement sain, à sa moralisation en quelque sorte, il s'est révélé en fait n'être qu'une justice sur mesure pour grands capitalistes. L'AMF a été créée en 2003 pour « harmoniser » le travail des différents conseils et commissions qui avant cette date contrôlaient les marchés financiers. Son président est désigné pour cinq ans par le président de la République. Ainsi, l'actuel président Jean-Pierre Jouyet, nommé par Sarkozy le 14 novembre 2008, fut un directeur de cabinet de Jacques Delors à la Commission européenne et a symbolisé l'ouverture à gauche voulue par Sarkozy. Il est assisté par un commissaire du gouvernement désigné par le ministre de l'Économie.

Quant à la commission des sanctions qui représentait l'innovation en matière de contrôle des marchés financiers, sa composition en dit long sur son indépendance vis-à-vis des impératifs d'État et des dirigeants des grandes entreprises. Elle est composée de douze membres. Deux sont nommés par le vice-président du Conseil d'État, deux par le premier président de la Cour de cassation, six membres par le ministre de l'Économie. Sur ces six derniers on trouve par exemple un agent de change, un membre de la direction juridique et des relations institutionnelles chez PSA, un directeur de société, un gestionnaire de portefeuille, et un membre du comité exécutif de Sequana, une société présente dans plus de 80 pays employant 15 300 salariés et ayant un chiffre d'affaires de cinq milliards d'euros.

Quant aux deux représentants des salariés, perdus dans ce cénacle de la bonne société, ils peuvent toujours donner leur avis.

Comme on le voit, EADS ne courait pas beaucoup de risques !

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