Coupures et menaces de coupures : Économies de bouts de chandelles dans l'électricité23/12/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/12/une2160.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Coupures et menaces de coupures : Économies de bouts de chandelles dans l'électricité

Le Réseau de transport d'électricité (RTE), filiale d'EDF, a alerté l'opinion sur des risques de coupures dues au manque de disponibilité des centrales nucléaires. En outre, à la suite d'un incident sur un poste à très haute tension, deux millions d'usagers ont été privés de courant, lundi 21 décembre, dans les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes essentiellement.

La France, exportatrice traditionnelle d'électricité vers les pays voisins, a dû en importer massivement. Il y a dans le pays 19 centrales nucléaires qui fournissent environ 80 à 85 % du courant. Chaque centrale compte plusieurs réacteurs. Il y en a 58 en tout. Le 2 novembre, 18 d'entre eux (près du tiers !) étaient à l'arrêt, selon l'AFP. Un mois plus tard, le 2 décembre, il y avait toujours onze réacteurs arrêtés, et encore huit en ce moment, chiffres de toute façon nettement supérieurs à ceux de l'an dernier.

Lors d'une audition par une commission du Parlement, le 16 décembre, le nouveau patron d'EDF, Proglio, a déclaré : « On a péché collectivement par manque d'anticipation (...) Je m'engage à remettre l'industrie au centre, là où la finance a peut-être pris un peu trop le pas. »

« La finance », qu'est-ce que cela signifie ? Eh bien, que l'entretien des centrales, leur recharge en combustible nucléaire, etc., sont confiés à des entreprises sous-traitantes, et ce sont souvent les « moins disantes » qui emportent les marchés, pas forcément les plus qualifiées. EDF se devant de surveiller les divers travaux, elle en confie souvent la surveillance à... d'autres entreprises sous-traitantes. Il arrive que de jeunes ingénieurs récemment embauchés contrôlent des procédures d'intervention qu'ils ne connaissent pas. Les ouvriers chargés des travaux leur apprennent le métier. Et lorsque les ingénieurs finissent par savoir, ils vont exercer leurs talents ailleurs.

Les centrales vieillissent, mais ce n'est que récemment qu'un Institut de recherche sur le vieillissement des matériaux vient d'être inauguré dans un centre d'EDF. Les effectifs de la recherche sont inférieurs de 30 % à ceux d'il y a quinze ans. Une partie des incidents provoquant des arrêts auraient sans doute pu être évités si du personnel compétent avait été maintenu en activité.

Et ce qui vaut pour les centrales vaut également pour le réseau transport. Une ligne à haute tension pour désenclaver la région Paca est prévue... pas avant 2015, avec des travaux estimés à 350 millions d'euros. C'est beaucoup ? Une goutte d'eau par rapport aux milliards qu'EDF dilapide en placements spéculatifs à l'échelle internationale depuis des années.

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