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Junk Bonds : La reprise... de la spéculation se confirme
Les obligations pourries - junk bonds en anglais - sont des emprunts émis par des entreprises déjà très endettées. Ils sont de ce fait des produits financiers considérés comme risqués et pour cette raison ils sont grassement rémunérés. Apparus à la fin des années 1970, ils illustrent comment, dans le fonctionnement du capitalisme, des activités financières et spéculatives ont pris le pas, depuis des décennies, sur les investissements productifs.
S'ils ont de nouveau le vent en poupe, c'est bien significatif de la nature de la prétendue reprise. Alors qu'en 2008, en pleine tourmente financière, l'émission de nouveaux junk bonds avait été nulle, elle s'élève à 10 milliards depuis septembre 2009 et a atteint 16,641 milliards d'euros sur l'année - davantage qu'en 2004 et 2005. Ce qui redémarre depuis quelques mois, c'est la possibilité pour des entreprises à la santé financière douteuse d'emprunter auprès des banques cherchant des placements très juteux... parce que très risqués.
Ainsi, un gérant de junk bonds pour le Crédit Agricole constatait que « le cimentier Heidelberg, au bord de la faillite il y a un an, a émis, mi-octobre, 2,5 milliards d'euros, une des plus grosses opérations jamais effectuées sur le marché ; émission qui a été très prisée par les gestions privées allemandes. »
Ce qui est nouveau cependant, c'est que la liste des entreprises considérées comme à risque par les financiers s'est allongée. On parle ainsi d' « anges déchus » à propos de sociétés comme Wendel, Peugeot SA, ou Renault SA, dont la note délivrée par les agences de notation a baissé du fait de la crise économique.
Évidemment les entreprises elles-mêmes, qui assurent leur financement en levant des emprunts et en payant une forte dîme aux financiers, font ensuite payer aux travailleurs leur endettement, en licenciant et en intensifiant l'exploitation. D'ailleurs, bien des entreprises industrielles elles-mêmes participent à leur tour à des opérations financières et spéculatives, qui leur rapportent souvent bien plus que la production... en misant entre autres les sommes empruntées.
Obligations pourries, dit-on. En fait le qualificatif est à étendre à tout le système capitaliste.