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Leur société
Éducation nationale : Chatel veut des lycéens sans histoire
Entre autres idées lumineuses de Luc Chatel, dernier ministre de l'Éducation en date, figure la suppression des cours d'histoire et de géographie dans les classes terminales scientifiques (S) des lycées généraux.
Elle entre dans le cadre de la « réforme des lycées », chantier protéiforme dont l'axe essentiel est, comme pour toutes les autres « réformes » gouvernementales visant l'école, la réduction rapide des budgets par la suppression de milliers de postes d'enseignants et autres adultes encadrant les élèves.
C'est donc maintenant l'enseignement obligatoire de l'histoire et de la géographie pour les lycéens des classes terminales S qui se trouve dans le collimateur du ministre. Pourquoi ces lycéens-là ? Parce qu'ils constituent plus de la moitié des effectifs d'élèves des classes terminales des lycées généraux, et cela permettrait donc d'importantes économies de postes de professeurs. Mais aussi parce que le ministre présuppose un désintérêt relatif des jeunes pour ces matières, par ailleurs affectées d'un faible coefficient au bac, qui disparaîtraient donc des épreuves de fin d'année : autre source d'économies. Chatel, sans conviction, se défend de mépriser ces enseignements, arguant que l'horaire des élèves serait renforcé en classe de première, et que les élèves de terminale « spécialement intéressés par l'histoire pourront suivre une option de deux heures ». On comprend immédiatement ce que cette esquive signifie.
Le volet « fin de l'histoire » est certainement lourd de mépris pour les jeunes comme pour les enseignants. Mais il n'est qu'un nouvel épisode des attaques gouvernementales contre le service public d'éducation. Récemment, ce sont les enseignants de sciences économiques et sociales qui protestaient contre l'amaigrissement des horaires de leurs disciplines, visiblement considérées comme secondaires. Mais les prétendus « fondamentaux » - français, mathématiques - ne sont pas mieux traités lorsque des matières deviennent optionnelles, surtout lorsque les options elles-mêmes sont réduites.
Dans la « réforme » qui doit être présentée le 10 décembre par le ministre à un Conseil supérieur de l'éducation qui lui est tout dévoué, on retrouve le flou artistique de « l'accompagnement personnalisé des élèves », qui sert de feuille de vigne aux économies de postes. La même rengaine a déjà été servie lorsqu'ont été supprimées les deux heures de cours du samedi matin et une bonne partie des enseignants du Rased (Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) qui auparavant « accompagnaient » précisément ceux-ci.
Pour le gouvernement, l'objectif est de trouver, pour la rentrée scolaire de 2010, 16 000 postes à supprimer. Cela passe par la fin des enseignants-remplaçants, par les économies de surveillants, d'heures de cours, de dédoublements de classe, d'options possibles, de conseillers d'orientation, d'agents d'entretien...
Des lycéens ont déjà manifesté contre la « réforme » et une nouvelle journée de protestation est organisée le 10 décembre à l'appel de plusieurs syndicats d'enseignants. En région parisienne, une manifestation, accompagnée d'un préavis de grève aura lieu à 14 h 30, du métro Sèvres-Babylone au ministère. Les attaques contre l'Éducation nationale doivent cesser !