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Dans les entreprises
PSA-Rennes : Du bon usage du chômage partiel par les patrons
À l'usine PSA de La Janais, près de Rennes, la production est repartie de plus belle et le programme du mois de novembre prévoit de passer de 590 à 640 voitures par jour, soit une augmentation de près de 10 %. Alors, sur les lignes de montage, chacun redoute de ne pas être capable de tenir le rythme car les effectifs sont insuffisants.
Le paradoxe est que, parallèlement, la direction continue à utiliser les mesures de chômage partiel sous la forme de ce qu'elle appelle le « chômage tournant ». Ce chômage concerne plus particulièrement ceux qu'elle ne considère pas assez productifs, à qui les chefs annoncent la veille qu'ils ne viendront pas travailler le lendemain. Le retour au travail n'est pas connu à l'avance. C'est par un appel téléphonique que l'ouvrier au chômage est prévenu de son retour à l'usine. Le chômage peut ainsi durer plusieurs jours.
Outre la perte de revenu de 7 à 8 euros par jour chômé pour un ouvrier de production, cela crée une grande confusion. Certains d'entre nous se sont vu compter des jours chômés qu'ils n'avaient pas faits. D'autres ont remarqué des baisses de salaire injustifiées de 150 à 200 euros. À celui qui demande des explications, on dit très vite qu'il s'agit d'une erreur comptable et il est aussitôt indemnisé. Il reste que, comme les feuilles de paie sont difficiles à comprendre, il peut y avoir bien des « erreurs » non corrigées.
On constate aussi que la direction garde la plus grande discrétion sur le nombre de jours de « chômage tournant » qu'elle prévoit, et quand on demande aux chefs qui est au chômage, ils ont tendance à minimiser le nombre des ouvriers concernés.
Ce chômage est bien pratique pour l'entreprise car, par le biais de l'indemnisation, une bonne part de la paie de l'ouvrier chômeur est fournie par l'État. C'est donc tout bonus pour les patrons : d'un côté, on fait tourner la production à fond quand c'est PSA qui paie, de l'autre, on met des ouvriers sur la touche en les payant avec des aides de l'État. On peut imaginer que les aides que l'entreprise touche sont largement évaluées car il règne le plus grand flou sur ce chômage, sans que les inspecteurs du travail aient les moyens de contrôler quoi que ce soit.