Après dix jours de grève, les facteurs de Dardilly, dans la banlieue lyonnaise, ont repris le travail la tête haute : leur direction a cédé sur leurs revendications principales.

Depuis le mois de mars, ils subissaient une réorganisation appelée « facteur d'avenir » avec la suppression de deux tournées sur trente-sept. Le résultat ne s'est pas fait attendre : la plupart des facteurs n'arrivaient plus à faire leur tournée dans le temps imparti. Les dépassements horaires étaient devenus quasi systématiques et la direction refusait de les payer en heures supplémentaires : selon elle, s'ils mettaient plus de temps que prévu, c'est qu'ils n'avaient pas la cadence. Pire encore : les normes s'appliquant partout de la même façon, s'ils n'arrivaient pas à faire leur travail dans le temps voulu, c'était par incompétence.

Devant une telle provocation, la grève a été quasiment unanime. À partir du lundi 9 novembre, chaque matin, les grévistes se retrouvaient devant le brasero, à l'entrée du centre courrier, pour faire le point de la situation, débattre entre eux et prendre les initiatives nécessaires. Progressivement, la confiance entre eux grandissait.

Les grévistes ont imposé que tous ceux qui le souhaitaient puissent participer aux discussions avec la direction. Ainsi a-t-elle pu mesurer leur détermination. Quand elle a affirmé que ses propositions seraient les dernières, menaçant de revenir sur tout si elles n'étaient pas acceptées, cela n'a intimidé personne.

« Si la direction locale ne veut pas négocier, il n'y a qu'à aller à la direction départementale », ont conclu les grévistes de Dardilly qui, lundi 16 novembre, se sont rendus à l'Hôtel des Postes de Lyon pour être reçus par la direction départementale. Au détour, ils ont rendu visite aux facteurs du 1er arrondissement et à ceux du service de la motorisation qui, le matin même, s'étaient mis en grève sans préavis sur un coup de colère pour des problèmes semblables aux leurs. Et c'est dans un bel ensemble qu'ils ont interpellé la direction de La Poste.

Les facteurs de Dardilly n'ont pas obtenu dans l'immédiat le rétablissement des deux tournées supprimées. Mais ils ont obtenu la création de deux positions de remplaçants et une étude permettant de mesurer l'ampleur des dépassements. Cette étude devrait déboucher sur la création des tournées nécessaires. Ils obtiennent aussi le paiement de 35 heures supplémentaires par agent pour les dépassements horaires de ces derniers mois, ainsi que des aménagements pour cette fin d'année. C'est donc avec un sentiment de victoire que les facteurs ont repris le travail.