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- Lutte ouvrière n°2155
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Editorial
Leurs profits, c'est avec notre peau qu'ils veulent les augmenter
Le nouveau PDG de Peugeot-Citroën vient d'annoncer son plan pour redresser les profits de ses entreprises et, par conséquent, les dividendes des actionnaires. Le projet est simple : réduire l'effectif de 6 000 personnes sur 82 000 et, en même temps, augmenter la productivité de 20 %.
Le PDG ne parle pas de licenciements mais seulement de non-remplacement de ceux qui partent. De toute façon, c'est un mensonge. Les patrons ne comptabilisent pas dans les licenciements la mise à la porte des intérimaires.
Six mille emplois en moins, cela fait de toute façon autant de chômeurs en plus. Et cela signifie aussi des cadences plus élevées sur les chaînes de montage, une usure toujours plus grande pour les travailleurs, la flexibilité, des samedis travaillés et des heures supplémentaires à certains moments et le chômage technique à d'autres. Le plan annoncé par Peugeot-Citroën est fait en revanche pour aguicher les actionnaires : une amélioration de 3,3 milliards pour les bénéfices !
Augmenter le profit de l'entreprise en se débarrassant d'une partie du personnel et en faisant faire plus de travail par ceux qui restent n'est pas une spécialité de la seule maison Peugeot-Citroën. Renault en fait autant. General Motors, qui avait annoncé à un moment la vente de ses usines d'Allemagne qui produisent sous la marque Opel, revient en arrière et annonce une restructuration brutale qui se traduit par des licenciements massifs.
La reprise est en marche, claironnent ministres et commentateurs à la vue des profits en hausse, déjà encaissés dans les banques et annoncés dans l'automobile, et à la vue de la fièvre boursière que cela alimente.
Mais en même temps que les profits sont en hausse dans les plus grandes entreprises, il y a de plus en plus de chômeurs et les travailleurs mis à la porte ont de moins en moins de chances de retrouver un emploi.
Le temps passé au chômage s'allonge et quelques missions d'intérim n'arrêtent pas la chute inexorable vers la pauvreté. Et, à l'autre bout de la chaîne, il y a cette information, qui est passée presque inaperçue, que les vols dans les supermarchés ont augmenté et, surtout, qu'ils se portent de plus en plus sur la nourriture, sur des couches pour bébé, sur des articles indispensables et qu'ils sont le fait de femmes et d'hommes pour qui cela est devenu une question de survie.
Alors, oser parler de reprise dans ces conditions est d'un cynisme qui frise la sincérité. C'est une façon de reconnaître que la société est divisée en deux. Il y a, d'un côté, ceux à qui même la crise profite, qui en sortent plus riches encore qu'ils n'y sont entrés. Et, de l'autre côté, se multiplie le nombre de ceux qui sont écrasés par la crise.
Les travailleurs n'ont certainement aucune raison de se réjouir de cette prétendue amélioration du secteur automobile, pas plus qu'ils n'ont à se réjouir du profit déjà retrouvé des banques. Tout cela se fait au détriment de leur emploi, de leur salaire, de leur vie.
Tous ceux qui essaient de faire passer l'intérêt de la minorité capitaliste pour l'intérêt de toute la société sont de fieffés menteurs. Les intérêts des profiteurs de la crise, qui en sont aussi les responsables, sont diamétralement opposés à ceux de leurs victimes. Les profits ne peuvent être maintenus en cette période de crise qu'en aggravant l'exploitation. Les exploités, eux, n'ont une chance de défendre leur simple droit de vivre qu'en obligeant la classe capitaliste à prendre sur ses profits de quoi financer les mesures susceptibles de limiter les dégâts de la crise.
L'économie va mieux, nous disent-ils. Alors, il faut que les profits retrouvés servent à financer l'arrêt des licenciements, le maintien de tous les emplois, et de nouvelles embauches, par la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. Le patronat ne le fera pas de son plein gré. Et ce n'est pas le gouvernement qui le lui imposera, lui qui est entièrement à son service et qui supprime, lui aussi, des emplois dans le secteur public.
Mais, à force de pousser à bout les travailleurs, la seule classe productive de la société, patrons et gouvernement finiront par provoquer l'explosion sociale qui imposera aux riches profiteurs les revendications vitales du monde du travail !
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 16 novembre