Assouplissement de la carte scolaire : Accroissement des inégalités18/11/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/11/une2155.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Assouplissement de la carte scolaire : Accroissement des inégalités

Un rapport de la Cour des comptes analysant les liens entre la politique de la Ville et celle de l'Éducation nationale dans les quartiers sensibles a confirmé ce qu'on savait déjà : l'assouplissement de la carte scolaire, c'est-à-dire la liberté accrue pour les parents de choisir l'école de leur enfant, a augmenté les inégalités entre les établissements, en particulier au niveau des collèges.

Dans les quartiers défavorisés, à partir de 2005, le gouvernement a fait grand bruit autour d'un programme dit « de réussite éducative » en dotant certains collèges d'un peu plus de moyens que les autres pour, selon lui, remédier à l'échec scolaire. Les établissements classés en zone prioritaire sont en effet ceux où les élèves cumulent les difficultés sociales et scolaires : en fin de collège, 50 % d'entre eux maîtrisent les compétences de base en français au lieu de 81 % pour des élèves hors éducation prioritaire et, en ce qui concerne les mathématiques, les taux sont respectivement de 69 % contre 90 %. Or, depuis l'assouplissement de la carte scolaire décidée en 2007, une grande partie de ces établissements se sont vidés : sur 254 collèges « ambition réussite », 186 ont perdu des élèves, et généralement ceux qui étaient le moins en difficulté.

Cette fuite vers les « bons » établissements a toujours été pratiquée mais l'obligation de rester sur son secteur géographique en limitait les effets. Xavier Darcos, ministre de l'Éducation en 2007, déclarait que la carte scolaire n'assurait plus « l'égalité des chances ». Il fallait agir pour renforcer la « mixité sociale » ! Le gouvernement a fait beaucoup de bruit autour des 3 % de boursiers supplémentaires venus des quartiers défavorisés pour étudier dans des lycées « d'élite » comme Henri-IV à Paris. Mais le résultat le plus clair a été la constitution progressive de « ghettos scolaires », selon le terme même du rapport de la Cour des comptes : certains collèges ont perdu jusqu'à 10 % de leurs effectifs tandis que d'autres en gagnaient jusqu'à 23 % ; et un responsable du syndicat du Secondaire, le Snes, parle même de 40 % de perte d'effectifs dans certains collèges.

Parler d'égalité des chances dans une société fondamentalement inégalitaire relève de la démagogie, et ceux qui nous gouvernent la pratiquent sans complexe. L'école n'échappe pas aux inégalités sociales. Dans les quartiers défavorisés les travailleurs n'ont ni les moyens financiers ni les moyens culturels de choisir où ils veulent vivre et scolariser leurs enfants. Remédier à cette situation supposerait qu'on consacre d'énormes moyens à la scolarisation dès le plus jeune âge pour compenser un peu les inégalités sociales. En réduisant le nombre de classes, en supprimant des milliers de postes d'enseignants, en travaillant à la disparition des maternelles, le gouvernement fait tout ce qu'il faut pour accroître les inégalités.

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